Une coutume était autrefois célèbre partout en Bresse et donnait lieu à de joyeuses soirées : le « tracassin »…
Lorsqu’un célibataire épousait une veuve ou inversement, le mariage était précédé du rite du « tracassin », se déroulant après la date des fiançailles officielles et rappelant le « charivari ». Un groupe de personnes (en général de quinze à trente) composé de voisins, d’amis, des jeunes du village mais aussi de curieux, d’opportunistes pour qui c’était l’occasion de boire à moindre frais, se réunissait un soir après le repas chez le ou la future. En principe, par respect du défunt, le tracassin ne se faisait pas chez le veuf ou la veuve.
La joyeuse bande avançait à tâtons et sans bruit près de la maison, veillant à ne pas se faire voir ni faire aboyer le chien de la ferme mais muni d’un ustensile propre à faire le plus de bruit de possible (casserole, bidon…) au moment propice. On attendait que tous les feux de la ferme soient éteints et une fois cette certitude acquise, chacun tapait sur son instrument de musique improvisé, le tout dans un tintamarre assourdissant.
La plupart du temps, l’intéressé(e) et sa famille se levait accueillir ces invités impromptus que l’on se dépêchait de servir en boisson autour de la table. On adressait alors ses vœux au futur ou à la future puis on chantait, dansait si un musicien faisait partie de la troupe. Une fois la fête terminée, chacun rentrait chez soi et la personne visitée pouvait se recoucher, satisfaite d’avoir passé cette étape. Par contre, si personne n’ouvrait, les jeunes gens invectivaient ces hôtes peu aimables et faisaient durer le tracassin longtemps dans la nuit et plusieurs jours de suite.
Une tradition empêchait que le tracassin ne se fasse : il suffisait, dès le début des fiançailles, de faire annoncer par le garde-champêtre, le dimanche matin après la messe, l’organisation d’un bal où tous étaient invités à l’occasion des noces. Seulement, on s’arrangeait pour donner des informations imprécises, de choisir des lieux inaccessibles et une date farfelue si bien qu’aucune festivité n’avait lieu mais par cette invitation publique, plus personne ne pouvait prétendre vouloir faire le tracassin à un couple.  

Les ménétriers et la musique en général accompagnaient tous les évènements de la vie des Bressans comme le mariage (photo Groupe Folklorique de Sainte-Croix).