Pour les poètes et artistes romantiques, à ce côté apaisant de l’eau venait s’ajouter un aspect plus obscur, tentateur : l’eau était associée à la femme et à la mort. Les eaux stagnantes comme les marais ou les mares sont ainsi signe d’intemporalité mais d’intemporalité sans joie, éternel carrefour entre ciel et terre. Si le fond du lac ou de la source mène au monde magique, le fond du marais n’est peuplé que de morts sans repos.
Pour expliquer cette image négative, on peut évoquer les maladies se développant dans les lieux marécageux, la maladie étant perçue autrefois comme une hésitation entre la vie et la mort. La présence de feux follets y est aussi pour quelque chose.
Si l’on répertorie les êtres fabuleux connus sur l’ensemble des régions françaises en rapport avec le monde de l’eau, trois catégories apparaissent. Ceux des eaux douces : naïades, nymphes, ondins et ondines ; tous bienveillants. Arrivent ensuite ceux des mers au tempérament plus tumultueux : Mari Morgan, morganes, océanides, néréides, selkies et tritons. Enfin, existent ceux des eaux stagnantes et des marais, cette fois franchement malveillants et destinés à égarer et à perdre (dans tous les sens du terme) le promeneur : lavandières de nuit, nix et nixes, sorcières d’eau et vouivres.
Entre croyances séculaires et imagination fertile, il est facile de comprendre pourquoi on associe aux forêts bressanes baignées de brouillard et parsemées de pièces d’eau des apparitions étranges et à risques. Vouivres, dames blanches, cavaliers sans tête, fantômes errants apparaissaient bien souvent dans cette atmosphère...