Si aujourd’hui, habitants, municipalités, communautés de communes ou autres se débattent pour maintenir un bureau de poste ou créer un point de vente multiservices, autrefois les boutiques et ateliers d’artisans foisonnaient. Pour exemple, ces cafés ou bistros de pays, déjà évoqués lorsque nous parlions des conscrits ou des fêtes patronales : dans la Grand-rue de Sainte-Croix, on ne comptait pas moins de cinq auberges, sans parler de ceux se trouvant dans les écarts (à la Gare, au Triangle…). Dans cette même commune, essayons d’énumérer, dans cet article et les suivants, les différentes échoppes susceptibles de croiser les chemins du voyageur ou du Bressan. Ces lieux, où l’on allait avant tout pour se procurer quelconque marchandise, constituaient également un endroit de sociabilité évidente. Pour les gens des hameaux, venir au bourg consistait en une visite hebdomadaire (parfois plus, parfois moins selon les familles et la distance à parcourir) au cours de laquelle on se tenait au courant des dernières nouvelles. Cependant, une distinction, voire un différend, existait entre « gens du bourg » et « gens des écarts » et se faisait sentir avant tout entre enfants à l’école mais quelquefois aussi à l’âge adulte puisque bien souvent les hameaux étaient peuplés par les paysans et les bourgs par les commerçants. Dans certaines communes, une différence quant aux modes de pensée apparaissait également : certains allant fidèlement à l’église et d’autres moins, certains dits «blancs » et d’autres « rosés » voire « rouges »… Mais malgré ces divergences, il était bien rare qu’elles gâchent à ce point la vie villageoise, au mieux elle faisait rire ou sourire et les uns comme les autres avaient toujours besoin de l’entraide de chacun pour vivre.
Les bourgs de Bresse, comme celui de Sainte-Croix, regorgeaient de petits commerces et autres ateliers d’artisans (collection privée).