Loin de ces considérations historiques, les boucheries se modernisent dans les années 1950’-1960’, comme le reste de la vie quotidienne, et ce, plus ou moins rapidement selon les lieux géographiques, le milieu social, les familles... Les pratiques évoluent et on va de plus en plus chez le boucher, qui devient aussi charcutier, traiteur… Petite parenthèse pour dire que le nom de « charcutier » vient de « chair cuite » puisque si le boucher était celui qui abattait une bête pour en vendre la viande, le charcutier ne vendait que des morceaux bien particuliers.
La pratique de la charcuterie remonte à des temps forts anciens : ce sont les Romains qui mirent en pratique une certaine façon d'accommoder les viandes et, plus précisément, celle de porc, se prêtant bien au salage et au fumage. En France, la profession de charcutier a eu du mal à s'imposer : ce n'est qu'au 15ème siècle que les charcutiers obtinrent le droit d'être les seuls à vendre de la viande de porc crue, cuite ou apprêtée et durent attendre le 16ème siècle pour avoir l'autorisation de tuer eux-mêmes les porcs qu’ils achetaient jusqu'alors aux bouchers. C'est en 1475 à Paris, que la corporation des charcutiers (« chair cuitiers ») devint autonome et distincte de celle des bouchers qui conservaient le privilège de vendre des chairs fraîches : le terme de charcutier apparu donc à cette époque. Refermons la parenthèse.
Les échoppes du milieu du 20ème siècle évoluent donc : au départ, les banques réfrigérées n’existent pas et pour permettre à l’air de se renouveler les magasins étaient souvent fermés par des grilles et non par des portes closes. D’une main experte, à l’aide de longs couteaux bien affutés, on découpait la viande sur le billot qui servait également de comptoir ; puis on la pesait sur une viande balance romaine (parfois prolongée d’une tringle et d’un crochet pour les gros morceaux) qui sera bientôt remplacée par la fameuse balance à plateau unique et à cadran triangulaire à aiguille, objet indissociables des commerces d’alimentation dans les années 1950’. Trône également la nouveauté achetée récemment, la trancheuse à jambon ! Et puis on ne voit plus dès le matin la sciure répandue au sol afin d’éviter de glisser sur les carreaux rendus un peu gras par le sang coulant de certains morceaux…
Les chambres froides apparaissent et les plats traditionnels bressans que l’on faisait chez soi (salade de museau, fromage de tête, boudin…) côtoient de nouvelles spécialités dont la mode va aller en s’accélérant (merguez, choucroute…). Mais de splendides saucissons et jambons pendus aux crochets de la boutique font toujours le régal des yeux avant d’être celui de l’estomac…