Autre temps, autres modes, autres besoins. Au début du 20ème siècle, et avant tout lors de l’entre-deux-guerres, de nouvelles échoppes font leur apparition dans les bourgs ruraux, allant de paire avec l’abandon du port du costume traditionnel.
Comme nous l’avons longuement évoqué il y a quelques mois, le costume bressan, comme la plupart des costumes régionaux ou locaux, ont subi l’arrivée des nouvelles modes, celles des grandes villes colportées par les catalogues et les magasines de mode mais ont également été détrônés par celles-ci pour des raisons de praticité et de renouveau des modes de pensées et des façons de vivre, le tout accéléré par la première guerre mondiale. Les femmes travaillent plus ou du moins différemment, les hommes ont quitté la campagne pour des contrées alors inconnues pour se battre, bref, la modernité et le progrès sont venus frapper aux portes des chaumières de Bresse comme ailleurs.
Alors que, comme pour l’alimentation, l’idéal vestimentaire reposait sur l’autoproduction notamment par le travail du chanvre, on s’approvisionne de plus en plus sur les bancs des marchés en tissu afin de confectionner de nouveaux vêtements, vêtements que l’on change plus souvent et dans lesquels on tend à rechercher plus de fantaisies.
Avec la perte des costumes traditionnels qui débuta dès 1850, ce sont certains métiers tout-à-fait particuliers qui disparaissent tels que les repasseuses de coiffes ou les sabotiers, savoir-faire déjà évoqués dans ces lignes.
A l’inverse, avec l’arrivée de la mode citadine, de nouvelles échoppes voient le jour, à commencer par celle du tailleur. Boutique ou simple atelier de confection dans lequel travaillent quatre à cinq filles du pays, on essaye ainsi de transformer la paysanne en dame des villes notamment en introduisant la mode du corset. La mode était alors pour ces dames à afficher une véritable taille de guêpe grâce à ce sous-vêtement qui nécessitait souvent l’aide d’une femme de chambre pour serrer convenablement les lacets. La publicité vante alors les corsets « Justaukor », les buscs – ces petites languettes placées du corset et qui en sont le fondement – « V’lan », ou encore les « Corsets Docteurs » qui se donnaient une légitimité médicale pour charmer la clientèle. Les corsetières attachaient énormément d’importance au baleinage du corset autrefois réalisé en fanons de baleines – d’où ce nom – donnant rigidité et maintien donc confort à la pièce.