Côté femme, les repasseuses de coiffe ont disparu au profit des blanchisseuses dont l’échoppe se divise en deux : d’un côté la buanderie d’où s’échappent des odeurs de lessive et de savon de Marseille mêlées ainsi qu’une buée épaisse, et de l’autre l’atelier de repassage où différents petits fers attendent d’être utilisés sagement posés sur des poêles, le tout entouré de draps et chemises à la blancheur immaculée.
Petite parenthèse concernant le savon de Marseille encore souvent utilisé aujourd’hui pour son pouvoir nettoyant. La formule de ce savon, contenant 72 % d’acide gras (provenant du mélange d'huiles et de soude) a été fixée sous Louis XIV au XVIIe siècle. Au XIXe siècle, Marseille avec près de 90 savonneries possède une industrie florissante qui connaît son apogée en 1913 avec près de 180 000 tonnes produites.
La teinturerie fait également office de nettoyage de vêtements mais là se côtoient cuves, bidons, moteurs à courroies et de nombreuses petites fioles et bouteilles aux couleurs extraordinaires… Ces teintes étaient obtenues de façon chimiques ou naturelles : le bleu était ainsi réalisé à partir de plantes telles que l’indigotier, de feuilles de guède ou de baie de sureau ; le brun ou le noir par de l’enveloppe de noix, du café, du chou, de l’écorce de saule ou de bourdaine ; le jaune par de l’achillée, des pelures d'oignon, du thé du Paraguay, des fleurs de camomille, d’érable, d’absinthe ou de mûre ; le rouge par des racines de garance, la cochenille, des œufs de kermès ou du henné ; la pourpre par le murex ; le vert par la prêle, le minium ou des graines de caroube et enfin le violet par de la rose trémière ou de la fleur de souci.
Le « détachage et coup de fer à la minute » étaient souvent de rigueur dans ces échoppes qui se faisaient parfois une spécialité des vêtements de deuil, donc noir, couleur portée pendant une période variant de moins d’un an à deux ans, avant que le demi-deuil n’autorise quelques fantaisies, toutefois toutes relatives.