Autre lieu, cette fois plus grand qu’un simple atelier, et pouvant se trouver également dans les hameaux ou en pleine campagne : le moulin. « Meunier tu dors ? » demandait la comptine mais le meunier a « du grain moudre » et « du pain sur la planche » comme on dit. Ce n’est tout de même pas rien de transformer le blé en farine que le boulanger changera en pain, cet élément de base de l’alimentation et revêtu de significations quasi primordiales comme nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer. Aujourd’hui parfois abandonnés ou restaurés en résidence, les moulins font partie de ce que l’on nomme globalement « le patrimoine » ou encore « le patrimoine de pays » terme nouveau auquel est associé depuis quelques années une « Journée du Patrimoine de Pays » qui a lieu le deuxième week-end de juin. Mais autrefois, au moulin régnait une atmosphère de convivialité et de travail intense. Convivialité car on s’y rendait pour sa consommation personnelle, on allait chercher du grain pour les animaux de la ferme, et bien sûr on discutait entre hommes en se faisant parfois quelques blagues. C’est ainsi, m’a-t-on raconté, que mon arrière-arrière-grand-père avait pour habitude de se rendre chaque matin au bourg de Sainte-Croix depuis le hameau de Châtenay, avec sa carriole et son vieux cheval pour faire quelques courses mais surtout pour aller au moulin se tenir au courant des nouvelles du village et causer avec les copains. Grand blagueur, en réponse à l’un de ses exploits, les manœuvres du moulin profitèrent du fait qu’il ait laissé ses sabots à l’extérieur du moulin pour les clouer au sol. Le père Charles (c’était son prénom), quand il voulut repartir après avoir raconté quelques blagues de son cru, fut bien surpris de ne pouvoir faire un pas. Il avait trouvé plus fort que lui ! Mais ce ne fut pas une avance : le temps de déclouer ses sabots, il en profita pour trainasser un peu plus au moulin d’où résonnaient de grands éclats de rire…
Le moulin de Sainte-Croix a été le théâtre de la petite scénette racontée ci-contre…