En Bresse, les moulins étaient nombreux du fait de l’omniprésence de l’eau. Trois types de structures existaient, utilisant toutes les forces hydrauliques : les moulins sur rivière ou sur ruisseau, les plus courants ; les moulins-étangs ou à ban sur plans d’eaux naturels ou artificiels ; et enfin les moulins à nef appelés également moulins flottants ou moulins-bateaux. Présents autrefois sur la Saône et dans la basse vallée du Doubs, ces bâtiments étaient amarrés et avaient l’avantage de suivre le mouvement des cours d’eau sans gêne des crues. Deux moulins à nef ont subsisté en Bresse jusqu’au 20ème siècle : le moulin de Navilly démonté en 1915 et celui de Pontoux, démoli en 1923. Enfin, à l’importance des moulins en Bresse se lie la consommation d’un produit-phare, les gaudes, qui nous a valut le surnom de « ventres jaunes ». Depuis l’introduction de maïs en Bresse au 17ème siècle, cette production s’est insérée dans le quotidien des Bressans aussi bien pour l’engraissement des volailles que pour la consommation humaine notamment à travers les gaudes, terme désignant à la fois la farine de maïs préalablement torréfiée et la bouillie faite avec elle. La mouture des gaudes exigeait un savoir-faire particulier : déjà, on la travaillait en petite quantité, en fonction de la quantité apportée par chaque famille ; ensuite la mouture nécessitait une finesse de grain supérieure à celle du froment d’où l’utilisation d’une paire de meules rhabillées selon un rayonnage différent, spécifique à cet usage. Autrefois base de l’alimentation en Bresse due à son faible coût de préparation mais aussi à son aspect compact « tenant au ventre » comme on dit, les gaudes étaient un féculent pouvant parfois remplacer le pain. On en mangeait matin, midi et soir, parfois agrémentées de lait, de sucre… pour varier un peu : c’était en quelques sortes le plat quotidien, presque le plat du pauvre. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, on s’est remis à en consommer pour palier aux restrictions et rationnement. De nos jours, elles sont remises à la mode grâce à certaines minoteries produisant la farine mais également en accompagnant le produit de sa torréfaction à son aboutissement : la farine sert à faire des liants, est ajoutée à d’autres ingrédients en pâtisserie, sert de panure à la friture ou aux cuisses de grenouilles mais on trouve aussi des petits gâteaux à base de gaudes et même de la bière ! On n’arrête pas le progrès…
Le moulin de l’Abergement est l’un des moulins rythmant les cours d’eau traversant Sainte-Croix.