En se baladant au gré des chemins du village, Frontenaud apparait comme un village typique de la Bresse bourguignonne : le paysage est dominé par une alternance entre espaces ouverts agricoles (cultures et prairies) et espaces forestiers. Cours d’eau, mares et haies bocagères viennent clore ce tableau. L’habitat est également caractéristique de la région : regroupé au centre bourg et dans de plus ou moins vastes hameaux dont l’occupation est parfois séculaires comme ont pu l’attester quelques découvertes ou des représentations telles que la carte de Cassini. Cette implantation traduit la préoccupation de l’exploitation paysanne d’établir la ferme au cœur des terres, qui plus est sur des « hauteurs », notamment pour dominer des terrains bas et parfois marécageux. Au gré de ces hameaux, au bord des routes, se dressent d’assez fréquentes croix dont le fort nombre laisse perplexe… C’est ainsi que l’on peut en voir en pierre et fer forgé à La Fournaise et sur la Route des Caravattes. D’autres sont en bois, à l’image de celle dressée sur la route menant aux Pommerattes et de celle de Rérafay. A la gare (bâtiment et usage n’existent plus aujourd’hui, mais le lieu a conservé cette dénomination), entre deux grands arbres et près du « Temple » (nous reviendrons sur cet édifice plus tard) une belle croix en pierre, bois et métal est également présente. La plupart ont été érigées au milieu du 19ème siècle mais l’inscription de quelques dates proches de nous (« 1993 » aux Pommerattes) indique des restaurations ou mises en valeurs récentes. Une autre croix, entièrement en pierre et portant les inscriptions « O crux ave spes unica » et « Donné par Ferdinand et Auguste Dompmartin. Frontenaud 29 octobre 1876 », est visible à l’entrée du bourg, côté Sainte-Croix. Elle fait désormais partie d’un aménagement faisant se côtoyer une horloge « géante » et un jardinier à la tâche réalisé à l’aide de divers outils assemblés. En effet, il n’échappe à personne en traversant le bourg que le fleurissement et les agréments et ornements divers sont légion à Frontenaud. Aux abords de la salle des fêtes, c’est un puits, un chaudron et une charrette qui sont fleuris, alors qu’à deux pas tourne une toue à aubes sous un édicule ayant conservé une plaque directionnelle de la fin du 19ème siècle. Cette dernière donne des indications sur le « chemin d’intérêt commun n° 12 » : Louhans est à 11 km, Dommartin à 7 et Saint-Amour à 15. Ce petit élément de notre patrimoine renvoie à l’histoire de la constitution du réseau routier français, facteur de changements dans la vie des habitants des zones rurales du pays. Les Chemins d’Intérêt Commun (CIC) ont été créés en 1836 et font partie de ce qui était appelée la « voirie vicinale ». Deux catégories se côtoyaient alors : la voirie communale non classée (chemins ruraux et voirie communale) à la charge des communes ; les chemins vicinaux classés regroupant les Chemins de Grande Communication (CGC), les fameux Chemins d’Intérêt Commun et les chemins vicinaux ordinaires, tous gérés grâce aux subventions du Conseil général mais placés sous le contrôle du Préfet. Les CGC et CIC seront confondus sous le nom de « chemins départementaux » en 1938.
La croix près du « Temple », à la Gare.