Lorsque l'on arrive à Champagnat depuis la route de Cuiseaux, le premier bâtiment devant lequel nous passons est l'église du village. De style gothique pour les parties les plus anciennes (13ème et 14ème siècles), elle subit de nombreux remaniements au 19ème siècle : agrandissement des baies pour pallier au manque de luminosité, modification de la façade, adjonction de deux chapelles latérales, etc. A l'origine "mère-église", elle est réunie à celle de Cuiseaux en 1426 par les moines de Gigny qui en avaient le patronage. Ce n'est qu'en 1826, suite à une ordonnance royale, que l'église de Champagnat retrouve son autonomie spirituelle et c'est à partir de cette date qu'auront lieu les travaux cités à l'instant. Cependant, ce n'est qu'en 1833 que sera nommé un prêtre strictement attaché à l'église, l'abbé Marcout. Une pierre tombale située à l'extérieur de l'église, à gauche de la porte d'entrée, lui est dédiée ainsi qu'à Léon-Robert Brice (le prêtre compositeur évoqué il y a quelques semaines avec vous pour sa chanson consacrée à la Foire de la Saint-Simon), qui desservit la commune de 1936 à 1972. L'église est placée sous le patronage de l'Assomption de la Sainte-Vierge : c'est d'ailleurs le 15 août que, chaque année, les Champanois et Champanoises se retrouvent pour la fête patronale. C'est justement la Sainte-Vierge qui nous accueille à bras ouverts à l'église puisqu'une statue en fonte la représentant surmonte la façade principale. Pour la petite histoire, elle fut achetée par les habitants de la commune qui se cotisèrent afin de remplacer la statue d'origine renversée un jour de forts vents. De l'extérieur, d'autres éléments sont à remarquer : le clocher carré très massif d'influence romane protégeant deux cloches (datant de 1776 et 1878), la toiture de la nef en lauze et une tourelle ronde visible à l'arrière de l'édifice. La porte d'entrée est abritée par un porche et encadrée par une double voussure et par un larmier reposant sur deux petits chapiteaux. Bien que fortement usés par le temps, on peut y deviner les traits de figures humaines : un homme encapuchonné à droite et une femme en coiffe à gauche. Le cimetière, comme cela est encore fréquent dans les bourgs de nos campagnes, jouxte l'édifice. Il a été clos en 1882 après trois années de discussions afin de mettre fin aux vagabondages de certaines bêtes à cornes y pâturant... Cela était également le cas un peu partout...  Au cimetière, sont encore à remarquer une croix en fer forgé datant de 1742 et une chapelle funéraire néo-gothique, caveau des familles Puvis de Chavannes et Truchis de Lays. Nous aurons à revenir sur l'histoire et le patrimoine de ces familles tout au long de notre découverte de Champagnat mais évoquons dès à présent la mémoire de Bernard de Truchis de Lays. Né en 1936, ce Lieutenant de vaisseau périt en mer en 1970 dans « L’Eurydice » qu’il commandait et qui sombra au large de Saint-Tropez. L'accès à l'église se fait depuis la route de Cuiseaux par un grand escalier... Encore un regard sur le magnifique point de vue offert depuis le portail puis poussons ensemble la lourde porte de l'église... Saisissant autant qu'apaisant. Est-ce la luminosité, l'architecture, les matériaux ou bien tout l'ensemble qui donne l'impression étrange de se trouver dans une sorte de "petite" chapelle rurale de montagne?... A l’entrée de l'église, nous voici sous une tribune à laquelle on accède par un escalier tournant à notre gauche. En face, la nef se déroule jusqu'au chœur entouré des deux chapelles latérales, ensemble qui domine le tout. En effet, l'église ayant été bâtie à flanc de montagne, le sanctuaire se trouve surélevé par rapport à la nef : sept marches séparent ainsi les deux parties de l'église. Aux murs, les pierres sont apparentes sur la partie basse alors qu'au sol, de grosses dalles rythment le pas des pèlerins. L'intérieur de l'église a été entièrement restauré dans les années 1980 ; les extérieurs en 1994. Concernant le mobilier, bien que tout soit intéressant, citons ici seulement quelques éléments : trois autels en pierre blanche, une chaire du 19ème siècle, un bénitier de près d'un mètre de haut (18ème siècle), vitraux réalisés par un maître-verrier de Chalon-sur-Saône représentant l'Assomption de la Sainte-Vierge ainsi que Saint Antoine ermite et Saint Donat, tous deux patrons secondaires de la paroisse, etc. Chacun de ces deux saints possède sa statue à l'intérieur de l'église (le curé Sermesse mentionne d'ailleurs en 1905  l'existence d'un pèlerinage se pratiquant autrefois le 17 janvier pour la Saint Antoine), aux côtés du Sacré-Cœur, de Saint-Joseph ou encore de deux grands anges adorateurs. Mais l'église de Champagnat est surtout connue pour l'une de ses cinq toiles peintes. Intitulée "Le Christ aux outrages", il s'agit d'une œuvre de Puvis de Chavannes. Si nous avons déjà évoqué la destinée de cet artiste de renom dans de  précédentes chroniques consacrées à Cuiseaux c'est parce que sa famille y possédait des biens patrimoniaux, à l'image de la demeure de la place Saint Thomas connue sous le nom d'Hôtel Puvis. Mais en réalité, la famille du peintre est originaire de Champagnat, village où la famille resta et reste toujours attachée, ainsi qu'aux villages environnants. Ce tableau mesurant près de deux mètres de haut a été peint en 1858 alors que l'artiste n'a que 24 ans. Désormais propriété de la commune, elle est la seule œuvre du maître à être visible publiquement sur la commune et ses alentours. Protégée par classement en 1976, cette œuvre présentée dans un cadre doré est décrite ainsi :  " Le Christ, au corps très blanc, très long et très maigre, légèrement ployé sur les genoux, au visage serein et indifférent, est adossé à une colonne et entouré de quatre personnages qui le raillent et l'insultent : deux soldats romains et deux vieillards. L'ensemble est détaché sur la tunique rouge qu'un sbire, à l'arrière-plan, arrache des épaules du Supplicié.  Œuvre académique (le peintre était alors âgé de 24 ans) mais non de dénuée de force, et d'une construction impeccable. " Un Puvis de Chavannes digne des plus grands musées de Beaux-arts : voilà de quoi étonner, et ce n'est que le début de notre balade à Champagnat!...

L'église de Champagnat vue depuis le bourg.