Lorsque le christianisme tente de s’introduire en Bresse dans la seconde moitié du IIe siècle, il veut effacer, comme partout ailleurs, tous les signes des anciens cultes, du druidisme et du paganisme romain afin d’imposer son pouvoir et ses propres figures religieuses. A défaut de pouvoir éliminer ces croyances, le christianisme va se les approprier et on trouve bien des traces des vieilles traditions dans les pratiques ou dévotions populaires à travers les temps, tellement est puissante la force des traditions.
Ainsi, l’usage des souhaits du jour de l’an et des étrennes qui l’accompagnent paraît remonter à l’époque romaine avec la fêtes des Saturnales qui se célébraient à Rome vers la fin de décembre. On voit également à travers l’épiphanie ou fête des rois, le 6 janvier, une réminiscence de cette fête païenne : pendant le festin dont le roi était tiré au sort, les esclaves se trouvaient confondus avec les maîtres. Si le sort avait favorisé l’esclave, chacun, le maître lui-même, devait lui obéir tant que durait la fête.
Lucien Guillemaut, grand homme pour la Bresse louhannaise, nous rappelle que chaque époque de l’année avait ses rites traditionnels, antiques coutumes dont la physionomie ne se modifiait que très peu d’âge en âge. Ainsi, le jour de la Saint Antoine, le 17 janvier, était un jour férié : on allait invoquer le saint dans les églises, surtout quelques-unes, comme à Louhans, Cuiseaux… où il était plus réputé, pour lui demander la protection des porcs, ainsi que du bétail et de la basse-cour. Il était d’usage dans presque toutes, de déposer, après la messe, une offrande sur l’autel pour que le saint préserva les porcs de toutes les maladies. Cette fête, qui fut longtemps très populaire, était appelée la fête des porcs.
La Saint Vincent, le 22 janvier, qui est la fête des vignerons, était aussi celle des laboureurs et elle était en honneur parmi les cultivateurs bressans qui se rendaient nombreux à la messe : c’était un jour férié obligatoire, une fête chômée.