Après avoir évoqué les fêtes et les saints célébrés du mois de janvier, voici l’origine de la fête de la Chandeleur, fêtée le 2 février. Cette fête aujourd’hui associée au rituel culinaire des crêpes est encore l’une de ces anciennes fêtes païennes que le christianisme a adoptées.
On considère que cette fête, fort joyeusement chômée aux époques anciennes, a succédé aux Lupercales et à la fête de la purification, encore en pleine vigueur au Vème siècle, qui était accompagnée de courses dans la campagne avec flambeaux ou brandons allumés. Elle est devenue, pour les Chrétiens, la fête de la Présentation de Jésus au Temple et de la Purification de la Vierge.
Chaque maison portait bénir un cierge à l’église ( la Chandeleur vient du latin candela signifiant chandelle), et au retour, avant de le serrer pieusement au fond d’une armoire, le chef de la famille, en le tenant à la main, bénissait à haute voix ses enfants et les domestiques, en disant comme un souhait de prospérité et de bonheur : « Chandeleuse, Chandeleure, Bon jour, Bon œuvre », phrase qui s’est conservée à l’état de proverbe, dans les villages, et se disait encore, d’après Lucien Guillemaut, par manière de salut à la fin du XIXème siècle en Bresse.
Le plus pauvre ménage avait son cierge de la Chandeleur aussi bien que la plus riche maison. On ne s’en servait que dans des circonstances critiques ou solennelles : ce cierge avait le pouvoir de préserver du feu du ciel et on ne manquait pas de l’allumer pendant les violents orages. Il pouvait aussi préserver la famille d’autres malheurs ou accidents, ainsi que des maléfices des sorciers. On l’allumait enfin pour bénir les fiancés avant la cérémonie du mariage ainsi que pour éclairer l’administration des derniers sacrements aux mourants. Ce cierge semble avoir remplacé, pour les habitants de nos campagnes, les bons génies du foyer, les dieux lares de l’époque romaine. On tenait à le conserver, ou du moins à ne pas l’user complètement avant la Chandeleur suivante, car selon le proverbe, « Quand le cierge de la Chandeleur décroît, le ménage ne va plus droit ».
La Chandeleur étant, au point de vue religieux, la fête de la Purification de la Vierge, ou comme on disait alors, les Relevailles de la Vierge, ce jour coïncidait avec quelques réjouissances, comme pour les relevailles d’une mère après son accouchement. Ainsi, à l’origine, ce jour-là, l’après-midi et la soirée, on mangeait des matefaims ou encore des marrons puis on dansait quelques rondes : c’était, selon un vieux dicton, pour « écraser les moussillons », c’est-à-dire pour se prémunir contre les piqûres des cousins et ne pas être gêner par eux lors des prochains travaux champêtres. Mais c’était aussi un excellent moyen d’empêcher la nielle de se mettre dans les blés ou les taupes d’envahir les prés ; c’était encore une garantie précieuse qu’on aurait de l’argent toute l’année. Cette dernière tradition a des similitudes avec notre habitude de faire sauter les crêpes en tenant dans la main une pièce d’or afin d’avoir de l’argent toute l’année: mais attention, il faut secouer la crêpe dans la poêle en la retournant et non la faire tomber par terre ! A chacun d’essayer…