Dans toutes les provinces de France, il y avait des endroits réputés par leur sainteté et les miracles qui s’y étaient accomplis. Notre Bresse comportait nombre de ces lieux où s’y déroulaient des pèlerinages.
La Bresse, comme dans d’autres lieux, accordait un pouvoir de guérison et de protection à certains saints. Ceux-ci avaient le pouvoir d’intervenir sur des maux en rapport avec le martyre qu’ils ont subi, les maladies dont ils ont souffert, les miracles qu’ils ont accomplis ou tout simplement par analogie avec leur nom. On pensait que le nom propre rassemblait, dans sa consonance, les qualités de la personne qu’il désigne. Ces dévotions populaires furent dénoncées par l’Eglise et par la médecine, comme superstitions.
La possession des restes d’un saint était évidemment ambitionnée par les églises ; le culte de ces reliques était à certaines époques de l’année, surtout le jour de la fête du saint, l’occasion de voyages, de processions des habitants de la contrée voisine et même de pèlerins très éloignés. En Bresse, on allait à Branges, à la chapelle de Saint Langui, et à Mouthiers, à la chapelle Saint Vit, pour obtenir la guérison des enfants. A Cuiseaux, et dans bien d’autres lieux, on allait toucher l’image de Saint Antoine et faire une offrande, surtout pour préserver des maladies les bestiaux et principalement les porcs.
Plusieurs saints avaient dans le pays une réputation bien établie comme saints guérisseurs mais on allait dans certaines églises, non plus seulement pour se guérir de maladies, mais aussi pour obtenir des enfants. Des idées superstitieuses se manifestaient fort souvent dans ces actes de dévotion. On rapporte ainsi que, dans toute la Bresse, les femmes allaient porter à Saint Guinefort leurs enfants malades : c’était le tombeau d’un lévrier tué injustement par son maître.
On faisait même, au besoin, accomplir ces voyages par des personnes qui s’en était fait une profession et qui se chargeaient, moyennant quelque aumône, de faire le ‘’viage’’, dire les neuvaines et observer le vœu. Mais ces pèlerins de profession devaient, pour qu’il y eut efficacité, employer certaines précautions : partir de bon matin et sans se laver les mains, sans parler à personne, sans boire ni manger et sans prier Dieu avant d’être arrivés à la chapelle en renom.