Chacun connaît les plaisanteries en usage en ce jour de 1er avril, mais d’où vient cette tradition des « poissons d’avril » ?
Ce jour fut et est toujours celui réservé à faire des farces ou des plaisanteries aux amis et connaissances, à tous ceux susceptibles de se laisser prendre facilement à ces pièges innocents. Pour les uns c’est une nouvelle communiquée avec grand intérêt mais toujours inexacte, aux autres c’est une démarche inutile qu’on fait faire. Ainsi, on les envoie chercher quelque objet impossible ou sans réalité, par exemple, de l’huile de fagots ou encore des pieds de ver. Aux plus naïfs, on envoie chercher un bâton n’ayant qu’un bout, une once d’esprit en bouteille, un brochet sans arêtes, une seringue en fil de fer, une corde pour lier le vent… De même qu’au régiment, on enverra un conscrit nouvellement arrivé chercher le parapluie de l’escouade ou la clef du champ de manœuvre. Lorsque celui qu’on a envoyé ainsi courir plus ou moins loin pour faire ces commissions burlesques, revient quelque peu confus ou riant lui-même de la plaisanterie qu’on lui a faite, il est accueilli gaiement par les cris : « Mois d’avril, mois d’avril, poisson d’avril… », heureux s’il ne rapporte pas, sans qu’il s’en doute, quelque objet ridicule qu’un mauvais plaisantin aura suspendu à son vêtement : une queue de veau ou de lapin, un papier ou chiffon grotesque, pour provoquer l’hilarité à ses dépens.
D’où peut venir l’origine de la pratique de farces et de la locution « poisson d’avril » qui s’y rattache ? De nombreuses explications furent données mais la plus probable est la suivante : c’est en 1564 que l’année cessa de commencer en avril, en vertu d’une ordonnance du roi Charles IX, par laquelle était reporté au 1er janvier la premier jour de l’année, qui jusqu’alors avait commencé au 1er avril. Par suite de ce changement les anciennes félicitations du premier jour de l’an n’avaient plus leur raison d’être le 1er avril, et on ne fit plus alors que des félicitations plaisantes et équivoques. On fit mieux : on s’amusa à se mystifier par des cadeaux simulés ou par des faux messages ; et finalement, comme au mois d’avril, le soleil quitte le signe zodiacal des Poissons on donna à ces plaisanteries le nom de poissons d’avril.
Un autre usage s’est établi, c’est l’emploi de cartes postales représentant un poisson ou un cochon ou d’autres illustrations comiques, aimables ou méchantes selon les circonstances. L’expression de souhaits pittoresques s’y trouve aussi manifestée, et pour que la plaisanterie puisse être plus accentuée et plus gouailleuse, l’anonymat est souvent gardé.
Quoi qu’il en soit, il est de la nature humaine d’aimer à rire et aussi de médire et se moquer de son prochain…mais en ce 1er avril, faites attention aux poissons accrochés à votre insu dans votre dos !