« Faire l’août », c’est d’après le dictionnaire faire la moisson : le battage tenait alors une place importante dans la vie des fermes
Avant la mécanisation, tous les bras valides étaient nécessaires au battage à l’antique fléau, instrument frappant les gerbes étalées sur le sol de la grange ou sur une aire préparée dans la cour. Celle-ci était faite d’une terre argileuse que l’on battait avec une pelle en fer pour l’endurcir ; à diverses reprises, on la recouvrait d’une bouillie claire de bouses de vache, qui, une fois desséchée, empêchait l’aire de devenir poudreuse pendant le battage.
Hommes et femmes étaient munis d’un fléau (flau ou écoussou en patois), formé d’un manche en bois auquel est fixé, par une corde ou une lanière de cuir, la batte ou battoir, morceau de bois arrondi plus court. C’est avec cet instrument qu’ils frappaient en cadence les gerbes étalées sur l’aire jusqu’à la sortie des grains des épis. L’habileté de l’ouvrier consistait à faire tournoyer la batte en l’air à chaque coup de fléau, et à abaisser en allongeant le bras de manière à la faire tomber à peu près horizontalement sur les épis. On battait en deux rangées, deux fois de suite : entre les deux battages, femmes et enfants retournaient la céréale avec des fourches ne bois. Ensuite, la paille était enlevée et mise en meule. On râtelait légèrement la surface de l’aire pour enlever les balles et la menue paille et on recouvrait l’aire d’une nouvelle série de tiges de blé. Le soir, le grain était rassemblé en tas et mis dans un coin de la grange.
Ce travail manuel fut remplacé par la suite par le battage à la machine, non moins physique. L’entrepreneur de battage se déplaçait de ferme et ferme, de village en village avec sa machine à vapeur. Tous se réunissaient pour se travail pénible, s’exécutant dans la chaleur, dans la poussière… mais aussi dans la bonne humeur. C’était l’occasion de se rassembler, surtout pour les jeunes gens, les jeunes filles apportant à boire aux jeunes hommes : combien d’amours, grandes ou petites, sont nées durant ces battages… Un bon repas clôturait la journée, récompense des travailleurs. Même si la soirée se terminait tard et en chansons, tous étaient au rendez-vous pour « faire la machine » le lendemain dès l’aube : un moment de convivialité que l’on ne manquait sous aucun prétexte.