Si la mise au monde d’un enfant était vécue comme un acte naturel, le regard porté sur la mère lors de la grossesse était différent… Après la naissance de son enfant, la femme bressane devait attendre sa messe de « relevailles » pour pouvoir reprendre ses travaux quotidiens. Cette messe avait lieu à l’église du village lorsque l’état de la mère s’était amélioré après ses couches : le prêtre la bénissait, à l’image de la Vierge Marie, s’appuyant sur une prescription de l’Ancien Testament. Depuis 1969, cette messe a été remplacée par une bénédiction spéciale adressée à la mère lors du baptême de son enfant. Tant qu’elle n’avait pas assisté à ses relevailles, une foule de précautions étaient à prendre pour la jeune femme. Elle ne devait pas sortir de chez elle avant cette purification, ne devait pas s’occuper de divers soins du ménage et du laitage sous peine de la gâter. De même, les gaudes se seraient « encatonnées », les matefans resteraient collés au fond de la « casse », la lessive blanchirait mal le linge… Ainsi, on imagine qu’elle avait hâte de se faire emmener à l’église par la « commère » qui avait rempli le rôle de sage-femme, de se faire « rebénir » et purifier… Le regard que l’on portait sur les femmes lors de leur grossesse était particulier : c’était un devoir pour elle de donner des enfants à son époux mais cette période était souvent vue comme une souillure en référence au péché originel et à un acte défendu par l’Eglise. Les relevailles permettaient donc de purifier la mère de son péché. Pendant la grossesse, elle n’avait d’ailleurs pas le droit d’entrer à l’église. Mis à part ses interdictions d’ordre religieux, de nombreuses croyances et mauvais sorts sortis de l’imagination populaire guettaient déjà la femme pendant la grossesse : une femme enceinte ne devait pas jeter d’eau la nuit sous peine de perdre les eaux ni avoir tué un porc ou une volaille sans risquer d’avoir une hémorragie…    Entre interdits et regards peu complaisants, l’accouchement et la messe des relevailles étaient attendus avec hâte pour la mère bressane autrefois…

A Sainte-Croix, dans les années 1920, plusieurs reconstitutions de baptêmes bressans furent organisées, ici devant la porte du château.