La soirée était marquée par la fuite des époux dans un endroit secret afin de consommer le mariage lors de la nuit de noces… Si la mariée était la dernière des filles à la maison on allumait un grand feu de joie fait d’épines coupées dans l’Ain et on brûlait un tonneau dans le Revermont. A l’image du tracassin, les mariages insolites, inattendus ou particuliers donnaient lieu à des pratiques ou à des expressions : ainsi, lorsqu’un jeune homme se mariait avant son frère aîné, on avait l’habitude de renverser le paillis ou de parler de « mariage de chanvre » lorsque la femme était plus grande que son mari…  A la tombée de la nuit, les nouveaux époux étaient emmenés par les jeunes gens de la noce sur un char les conduisant dans des charrières afin de « cahoter » les mariés puis, de retour à la ferme, alors que les danses allaient bon train, le couple s’éclipsait, se jouant de la surveillance du garçon d’honneur. On essayait alors, après leur avoir laissé un moment de tranquillité, de les trouver : souvent, les couples se réfugiaient pour leur nuit de noces chez un membre de la famille au courant de leur cachette mais ne devant dévoiler l’endroit à personne. Parfois, les plats, les vins et la goutte aidant, il arrivait que certains ne puissent tenir leur langue bien longtemps… Lorsqu’on les retrouvait, les jeunes gens de la noce venaient les cueillir au lit pour leur faire manger le contenu d’un pot de chambre, souvent une soupe au vin à laquelle était ajoutée du chocolat symbolisant la consommation du mariage. La plupart de ces coutumes sont aujourd’hui tombées dans l’oubli ou ont perdu leur sens mais certains éléments que nous avons évoqués sont toujours de mise de nos jours. Ainsi, une tradition voulait que la jeune épouse donne à ses demoiselles d’honneur une partie de son voile et des épingles ayant servi à la confection de sa robe afin de leur porter chance dans leur quête d’un mari. Elle se retrouve de nos jours dans le lancé du bouquet de fleur de la mariée : la jeune femme célibataire qui l’attrape, sera la prochaine à se marier. Les temps changent, les choses évoluent, les traditions ancestrales se perdent ou subsistent dans l’imaginaire collectif appartenant désormais à nos propres rites…

Dans les années 1980, une reconstitution de noce bressane réunissant toute la population a eu lieu devant la ferme de La Minute à Sainte-Croix.