Comme la mort survenait à la maison, toute la famille et la maison même portaient le deuil du défunt tout juste disparu.
Comme l’on mourrait chez soi, la veillée funèbre avait également lieu à la maison, le plus souvent dans la chambre même du défunt. La relation à la mort était différente d’aujourd’hui : on imagine, il y a de cela un siècle, dans les fermes de taille modeste où les lits se trouvaient dans l’hutau, le reste de la famille manger et vivre, y compris les jeunes enfants, près du lit où était veillé le défunt.
Après avoir procéder à la toilette, on revêtait le mort de ses plus habits pour son dernier voyage et les derniers adieux. Famille et voisins se relayaient nuit et jour afin de veiller le mort lors de l’arrivée des proches venus saluer l’âme du disparu : par respect, le corps était constamment gardé jusqu’au départ pour le cimetière. De plus, on avait tendance à croire que sans cette précaution, le Diable aurait pu emporter le cadavre et placer à sa place un chat noir ou un autre animal malfaisant. On mettait la maison en ordre pour recevoir les invités et on fermait les volets. On plaçait dans la chambre, près du lit, un crucifix, deux cierges bénits à la chandeleur et un verre d’eau bénite où trempait un rameau de buis dont se servaient les visiteurs venus rendre hommage au défunt pour le signer.
Lorsque l’un des membres d’une maisonnée rendait l’âme, il était d’usage d’arrêter horloges et autres pendules à l’heure exacte du décès et de les laisser ainsi jusqu’à l’enterrement. Les glaces et miroirs de la chambre où était placé le mort étaient retournés face aux murs ou recouverts d’un crêpe noir. D’autres pratiques étaient en usage de façon variable selon les régions et les coutumes des familles : on coupait les fleurs du jardin, on enterrait quelquefois l’un des paletots du défunt, on recouvrait les ruches d’un morceau d’étoffe de couleur noire en forme de croix, on nouait un morceau de cette étoffe à la porte des étables avec un rameau bénit ou on vidait l’eau des vases contenant des fleurs afin que l’âme du défunt ne s’y installe pas pour hanter la maison…