Bresse bourguignonne et Bresse de l’Ain, bien que portant le même nom général de Bresse ont eu une histoire distincte : pour exemple, la première a été rattachée au royaume de France en 1479 et la seconde en 1601. Mais une autre différence, culturelle, est visible notamment à travers l’architecture et la patois à travers une limite qui ne correspond pas au partage des deux départements, Saône-et-Loire et Ain, mais à une frontière invisible passant géographiquement par Cuisery, La Chapelle-Thècle, Montpont et Sainte-Croix. Cette ligne reprend l’ancienne frontière existante entre pays de droit coutumier au nord et pays de droit écrit et au parler franco-provençal au sud et marque encore physiquement une partition entre toits très pentus du nord et toitures à pente douce (environ 25°) du sud. Du fait de ces particularités culturelles mais également architecturales, les toits du nord de la Bresse sont recouverts de petites tuiles plates alors que ceux du sud sont en tuiles canal ou romaines. Ainsi, dans certains points de la Bresse, sur cette limite, se jouxtent fermes bressanes à toits pentus en petites tuiles et toits plats à tuiles canal : c’est le cas au hameau de Tagiset sur la commune de Sainte-Croix où sur une même parcelle se côtoient ces deux types de toiture. Du fait de cette différence, la constitution de la charpente n’est pas tout à fait identique entre nord et sud mais deux éléments demeurent cependant de part et d’autre : la toiture à quatre pans et l’utilisation d’avant-toits très prononcés. Cette dernière caractéristique, utilitaire, s’explique de différentes façons. Tout d’abord, d’un point de vue technique, ce large débord, appelé également « sevron » et couvrant la partie au sol nommée « galerie », servait à protéger des intempéries les premiers et fragiles matériaux de remplissage des panneaux qu’étaient le torchis et le clayonnage. Deuxième explication : la protection de l’escalier en bois placé en façade donnant accès par l’extérieur au niveau supérieur de la maison ; escalier aujourd’hui bien rare. Enfin, indissociable de notre appellation de « ventres jaunes », le large avant-toit permettait de faire sécher à l’abri les panouilles de maïs. Au sud de la Bresse, elles étaient attachées aux bras de l’avant-toit en forme de grosses grappes alors qu’au nord, elles étaient positionnées, souvent par quatre, sur une pièce de bois supportée perpendiculairement par les bras. Utilisation pratique mais également porteuse de sens puisque cet étalage des panouilles permettaient de montrer à tous la qualité et l’abondance de sa propre récolte, tradition que l’apparition des séchoirs à maïs viendra compromettre.

Le hameau de Tagiset présente côte à côte des toitures de types Bresse du Sud et Bresse du Nord.