En fin d’année, le Bressan se réservait cependant un cochon pour sa consommation personnelle. Le « tueur » ou le « bout’chi » passait une journée à la ferme pour tuer, préparer et dépecer l’animal afin d’en faire des salaisons et autres produits à conserver l’année durant au saloir : pâtés, crépinettes, rouelles, amélioreront ainsi l’ordinaire de la famille. Le tuage du cochon était aussi l’occasion de confectionner du boudin et d’organiser à la ferme un repas autour de ce mets (« le repas de cochon ») ou d’en porter aux voisins et amis.
On raconte que le cochon était le seul animal de la ferme à être vouvoyé et être appelé « Monsieur » par le paysan et sa famille : ce respect était dû au fait que de la grosseur et de la santé du cochon que l’on allait abattre dépendait la consommation en viande de la maisonnée pendant l’année. Ceci explique également la grande dévotion apporté à saint Antoine en Bresse, saint représenté aux côtés d’un cochon et donc sensé les protéger.
Mais cette déférence n’a pas toujours existé. A l’époque médiévale, les cochons étaient perçus négativement car sales (n’empêche que c’étaient eux qui jouaient le rôle d’éboueurs en mangeant les immondices jonchant les rues et ruelles des villes). Des procès ont même été intentés envers des cochons et des truies pour avoir mangé des enfants ou des nouveau-nés : certains ont été torturés, questionnés, pendus ou encore excommuniés ! Ces faits ont effectivement pu avoir lieu en quelques endroits et cette peur est restée gravée dans les esprits : dans certaines régions, on plaçait ainsi les berceaux en hauteur afin d’éviter que la truie ou le porc de la ferme pendant sa journée ne vienne manger le petit dernier de la famille…