Les deux témoignages rapportés dans ces lignes depuis plusieurs semaines nous amènent à évoquer quelque peu les transformations survenues au début du 20ème siècle.
Nous avons l’habitude de parler de « l’ancien temps », des coutumes « d’autrefois »… mais à quelle période faisons nous vraiment référence ? Il est d’usage, lorsque l’on ne l’a pas vécu, d’idéaliser le temps des traditions et des veillées car sans stress, sans crise (quoi que, celle de 1929 soit là pour nous démontrer le contraire)… C’était sans compter sans la vie rude et le « confort » plus que rudimentaire des fermes, ni des maladies, des conflits (la guerre de 1870, la première guerre mondiale)…
Un changement plus ou moins brutal s’est opéré dans les mentalités et le quotidien des ruraux, (en Bresse comme dans d’autres régions françaises) après 1918. Au front, les hommes se sont éloignés de leur village, ont rencontré des hommes de toutes conditions, toutes origines, ont entendu parler d’autres dialectes que le patois, ont été en contact avec quelques innovations mécaniques et surtout, ont vécu ce qui restera comme la plus grosse boucherie du siècle (vie dans les tranchées, combats, pertes de camarades, morale brisé…)
A l’arrière, les femmes ont dus prendre des initiatives, travailler là où d’habitude elles n’allaient pas, et pour nombre d’entre elles, ont du élever seule leur famille lorsque le mari n’est jamais rentré de la guerre.
Tous ces éléments, et bien d’autres, sont des facteurs annonçant l’arrivée du progrès et de la nouveauté au sein des exploitations bressanes.