Pour confectionner le vin cuit, il fallait tout d’abord récolter une bonne provision de poires durant l’automne. On grimpait alors sur les poiriers dits « de grand vent » (les haies fruitières et les fruitiers de formes basses n’étant alors pas connus) pour ramasser les poires « chenilles », les poires « livres » ou les poires « curé ». Les premières étaient celles réservées pour le vin cuit, les secondes devaient leur nom à leur taille énorme et à leur poids (500 grammes), les dernières faisaient partie des variétés les plus couramment rencontrées en Bresse. Lorsque l’accès était difficile ou périlleux, les branches se faisaient vivement secouer par les hommes, à la main ou à la gaule. Les femmes et les enfants, étaient de la partie pour cette récolte. Si la quantité de poires n’était pas suffisante, on ajoutait des pommes à la préparation du vin cuit. Une fois ramassée, il fallait alors « plumer » la récolte c’est-à-dire éplucher les fruits. On se retrouvait alors, comme pour la dépouille du maïs, amis, parents, voisins, à la grange, réunis en cercle autour des grandes corbeilles pleines de poires à préparer. Les uns pelaient les fruits pendant que d’autres les « écartelaient » (les coupaient en quartiers). Après de bonnes heures de travail, on restait encore un peu à la même place, les femmes d’un côté, les hommes de l’autres, pour se détendre et partager un moment à causer, à manger un bout et à boire un petit coup. Comme lors de toutes veillées, après les mains, c’étaient les langues qui s’activaient… 

La préparation des fruits nécessaires à la confection était l’occasion, comme pour les veillées, de se retrouver.