La « plume » à peine terminée, il était temps de passer à la cuisson : cette dernière allait durer le reste de la nuit et toute la journée du lendemain, soit une bonne vingtaine d’heures. On sortait alors le grand chaudron de cuivre spécialement réservé à cet effet : d’une contenance de 100 à 200 litres, ce récipient était religieusement conservé et entretenu en vue de la cuisson du vin cuit. Pour démarrer  la cuisson, on commençait par verser un ou deux seaux de liquide au fond du chaudron placé sur le foyer : ce pouvait être du jus de pomme, du vin blanc doux que l’on venait de presser ou tout simplement de l’eau. Puis on ajouter petit à petit les corbeilles de fruits préparés (la « ferte »). Après un ou deux heures de cuisson, l’ébullition commence, les fruits se teintant d’une belle couleur : reste alors à remuer sans cesse cette préparation afin qu’elle n’adhère ni ne brûle au fond du chaudron. Les hommes se relayeront alors au « pétouillon » ou « vélô » (selon les patois), grand manche terminé par une pièce de bois tendre épousant la forme du fond du chaudron afin de mélanger le vin cuit : de le « vinler » comme on disait. Lorsque la cuisson semble bonne, après une nuit et une journée de travail, on procède à la levée du vin cuit, c’est-à-dire à sa mise en pot. Certains passeront au four pour une conservation plus longue, d’autres seront vidés dès les débuts de l’hiver. Mais d’où vient ce nom de « vin cuit » car il n’est nulle question de fermentation ou d’ajout d’alcool dans cette préparation ? Encore un mystère du langage et des pratiques de nos anciens…  

L’association « Les Amis du Vieux Romenay » perpétue encore une fois par an la tradition du vin cuit (crédit photo : AVR).