Afin d’éviter certains abus quant à une dévotion populaire un peu trop large envers de saints que l’Eglise ne reconnaissait pas, le pape Grégoire IX, en 1234, se réserva le pouvoir de canoniser ; c’est pour la même raison en 1970 que fut entreprise l’épuration du calendrier romain.
En plus de dresser la liste des saints, l’Eglise en contrôla les domaines de prédilection notamment concernant les saints thaumaturges. On pouvait ainsi invoquer saint Acace contre les maux de tête, sainte Appoline contre les maux de dents, sainte Barbe contre la foudre et la mort, saint Blaise contre les affections de la gorge, sainte Georges contre les maladies dartreuses, sainte Marguerite contre les maux de rein. Certains étaient invoqués pour des faits bien particuliers comme sainte Catherine l’était contre le célibat ou saint Eustache contre les discordes dans la famille…
Malgré cette « répartition des tâches » entre saints thaumaturges, les Bressans détournaient certains intercesseurs de leurs fonctions premières. Ainsi, saint Denis, évoqué la semaine dernière, étaient par déformation linguistique devenue le saint guérisseur « des nids » alors qu’au départ il était invoquer contre les possessions diaboliques et les maux de tête. Dans le même esprit, saint Guignefort, en plus de protéger les enfants, est devenu celui apaisant fatigues et fièvres mais aussi corrigeant le strabisme, « loucherie » faisant « guigner fort » dans le langage populaire.
Saint Christophe, martyr vénéré ordinairement contre les orages, tempêtes, accidents de voyages et en temps de peste, avait un pèlerinage à l’Abergement de Cuisery : les filles désirant se marier s’y rendait et raclait le cadre du portrait du saint pour en confectionner potions et autres boissons.