La fontaine de Barenton a un lourd passé où histoire et légende se mêlent. On dit que ses eaux sont curatives et qu'elles ont le pouvoir de guérir les maladies chroniques : il fut même question en 1931 d'établir un sanatorium antituberculeux tout près de celle-ci à Mare Forêt.
Elle fut un sanctuaire de la religion celtique : les druides y avaient installé une école et un hôpital et y célébraient leur culte voué au dieu solaire Bélénos, dieu de la foudre et des sources, grand dieu guérisseur. Le nom de la fontaine dans les textes féodaux est d'ailleurs, Balenton ou Beleton, noms se rapprochant par consonance du nom du dieu.
Il semble que le site fut christianisé après le départ des druides par la construction d'une chapelle à côté de la fontaine : la disparition de cette chapelle semble être consécutive à la venue dans la région d'un personnage étrange, Eon de l'étoile, au 12ème siècle.
Originaire de Loudéac et issu de la noblesse bretonne, Eon, petit moine à peine lettré, fut envoyé par le seigneur de Gaël au couvent du Moinet, près de la chapelle Saint-Mathurin sur le site de Barenton, pour éradiquer les pratiques païennes, druidiques, qui s'opéraient encore dans ce coin reculé de la forêt.
Peut-être vexé par une mutation dans un lieu aussi perdu, admirant sûrement les premiers chrétiens celtiques et vivant dans une époque de famine, Eon, révolté et mystique, se mit à partir de 1145 à piller monastères, châteaux et confortables demeures du clergé. Se proclamant fils de Dieu et Grand Juge des vivants et des morts à la tête de brigands exclus de la société, il fit des adeptes jusqu'en Gascogne, redistribuant une partie des richesses et de la nourriture aux pauvres. Voyant d'un mauvais œil ce personnage, l'évêque de Saint-Malo le fit arrêter et le traduisit en concile à Epernay devant le pape Eugène III, en 1148. Jugé plus fou qu'hérétique, il échappa ainsi au bûcher mais pas au cachot, où il mourut peu de temps après.