Après la boucherie et la boulangerie, allons faire un tour à l’épicerie.
Encore une fois rare au tout début du 20ème siècle, elle fait peu à peu son entrée dans les bourgs et c’est dans les années 1950 que ce lieu devint l’image-même du petit commerce où l’on trouve de tout.
Une épicerie est, à l'origine, un petit commerce de produits alimentaires tenu par un commerçant indépendant. Comme son nom l’indique, l' « épicier » vendait principalement des épices, terme apparu au Moyen-Âge où la spécialisation des commerces était grande. Cependant, au départ, le nom d'épicier s'appliquait aux simples chandeliers ou fabricants de bougie, ou alors à cette classe intermédiaire entre les empiriques et les médecins, qu'on appelait les apothicaires. Historiquement, on trouve également qu'un épicier était un drageoir (sorte de coupe) dont on se servait pour offrir des épices, ou encore l'officier à la cour de Bourgogne chargé de la présentation des épices et des médicaments.
Corporation présente autrefois à Louhans, les épiciers avaient même un journal national hebdomadaire créé en 1893 par Albert Seigneurie et portant le nom explicite de « L’Epicier ». D’après ses auteurs, les buts de ce journal étaient :
« 1° Arborer fièrement comme un grand nom de famille celui de notre profession;
2° Adjurer tous ceux qui l'exercent de ne jamais en rougir et de répondre par le seul mépris aux ineptes moqueries des sots et des inutiles, incapables d'y appartenir et qui essaient de le ridiculiser;
3° Rappeler à nos confrères (dont beaucoup semblent l'avoir oublié) que notre corporation est à la fois la plus grande et la plus puissante de la Nation, puisqu'elle est la plus nombreuse, embrasse la plus grande quantité d'articles, cause le plus considérable mouvement d'affaires et fait produire la plus grande somme de travail;
4° Leur démontrer qu'il suffirait d'un lien moral très étendu pour former un mouvement d'opinion et changer cette puissance latente en une puissance effective, suffisante pour combattre victorieusement les injustices et les multiples abus qui nous accablent... »
Autrefois indépendant, l’épicier d’aujourd’hui dépend bien souvent de grandes chaînes de distribution et n’occupe plus tout à fait la même place qu’auparavant à savoir de disposer de tous les produits de consommation que l’on ne pouvait tirer des ressources du sol ou de la ferme. Aujourd’hui, l’épicerie apparaît plus comme une solution de dépannage et, élément visible à travers les épiceries urbaines de quartiers comme en milieu rural, un service de proximité et de disponibilité immédiate.