Autre apparition, celle des modistes ou chapeliers, là encore liée à la mode parisienne : le symbole un peu caricatural de l’entre-deux-guerres n’était-il pas le villageois portant son costume « citadin » - les messieurs s’étant également mis à la mode bien évidemment – et son épouse en chapeau à fleurs ?... C’est d’ailleurs à cette époque que des groupes folkloriques, inquiets de cette uniformisation nationale cherchent à fixer le souvenir des costumes régionaux en les adoptant pour se produire.
Là où pour les filles de bonnes familles urbaines il était impensable de sortir « en cheveux », les Bressanes abandonnent leurs coiffes traditionnelles pour de grands chapeaux extravagants importés de la ville ou confectionnés par de petites mains locales.
Comme la coiffe bressane était un indicateur social, il en était de même au départ pour les chapeaux des messieurs : casquettes pour les ouvriers et artisans, chapeaux de feutre pour les cadres et patrons, melons noirs pour les « dandys », chapeaux haut-de-forme pour les soirées et les cérémonies – dont le « chapeau-claque », un haut-de-forme qui se mettait à plat pour prendre moins de place dans les armoires, chapeaux à larges bords pour les artistes ou les marginaux, chapeaux de paille, canotiers ou bérets pour les paysans, képis et bonnets de police pour les militaires, bref tout le monde était coiffé par le chapelier.
Pour être à la mode et que leurs clientes soient chapeautées comme à Paris, les modistes « rurales » étaient abonnées ou se procuraient plusieurs revues féminines. Découpant les gravures de mode, elles les collaient dans des cahiers ou directement aux murs de l’échoppe, les montrant comme une espèce de catalogue aux clientes.
Quelquefois, elles réalisaient entièrement un modèle qu’elles exposaient dans leur vitrine avec l’écriteau « En provenance directe de Paris »… A partir de formes à chapeaux standards, bibi ou chapeau-cloche prenaient un aspect particulier grâce à l’imagination et au talent de la modiste qui y adjoignait rubans et autres fantaisies qu’une belle boîte à chapeau venait protéger…