Malgré ce choix entre grands et petits médecins si l’on puit dire, les consultations du médecin se font très rares à la campagne. N’ayant pas forcément les moyens financiers nécessaires à la rémunération de l’homme de sciences, on rechigne à faire appel à ses services ou alors on le paye quand on le peut ou en nature, en lui donnant des volailles, des légumes, des œufs frais…
De plus, on se méfie un peu de ses remèdes, on préfère faire appel à ce qu’on connaît : au rebouteux, au prêtre, aux préparations de la voisine ou à ceux inscrits dans des ouvrages tels que Le Médecin des Pauvres ou même aux livres semi magiques recelant de sorts et potions diverses léguées par une aïeule. Ainsi, d’après l’ouvrage cité ici, pour soigner les coupures, « on fait le signe de la croix avec l’outil que l’on s’est coupé, et on dit cinq Pater et cinq Ave Maria, ensuite l’on rapporte les deux chairs l’une contre l’autre, que l’on enveloppe avec un linge d’homme blanc de lessive et vous le laisserez quarante-huit heures sans le développer et il sera guéri ».
Autre remède, celui pour guérir les verrues : « Lorsqu’on en a une quantité, vous allez le matin avant le lever du soleil dans un champ d’avoine ; vous couperez les pailles sans les compter, et sans compter les verrues que vous avez ; vous vous servez du nœud du milieu, vous pressez une paille et vous frottez légèrement sur la verrue, vous la mettez de côté et vous en prenez une autre que vous frottez sur une autre verrue et ainsi de suite, vous continuez cette opération tant que vous avez des pailles et des verrues. Vous ferez un trou en terre et vous les couvrirez à mesure que les pailles pourriront, vos verrues s’en iront. En vous en allant, le premier genêt que vous trouverez, vous le tordrez entre deux terres, vous le laisserez ; vous en trouverez un plus loin, ça n’y fait rien ».
Au début du 20ème siècle, on fait plus facilement appel au vétérinaire pour soigner une bête malade qu’au médecin pour se soigner soi-même. Lorsque l’on faisait appel à lui, souvent le cas semblait déjà bien désespéré et à la visite du médecin suivait celle du prêtre… venant donner l’extrême onction.