A l’image du clocher de l’église surplombant le bourg du village, le curé est un personnage incontournable de la société villageoise rurale.
Tout le monde le connaît et il connaît tout le monde, par la confession il sait ce qui se trame dans le cœur de chacun, il fait partie de la vie parfois très intime de ses ouailles… C’est lui qui fait le catéchisme aux enfants, essayant de leur inculquer la bonne parole. Suivant son caractère, son tempérament, il se fond dans la communauté villageoise, va même parfois au café.
Au contraire, il peut réprimander ceux qu’il considère peu pratiquants et note sur les murs de la sacristie le nombre de participants hommes et femmes pour chaque office et fête, fait des remontrances sur le comportement de certains jeunes amoureux et dès qu’il le peut, échange des mots acerbes avec l’instituteur, sa bête noire. Dans cette bataille rangée (quand elle avait lieu), les enfants étaient bien souvent les victimes : les jours de catéchisme, les écoliers partaient rejoindre entre midi et quatorze heures le curé dispensant son enseignement. Si l’instituteur tardait à libérer les enfants à midi, le prêtre faisait de même la semaine suivante à quatorze heures…
Ceci n’était pas de mise tout le temps et partout : la caricature de don Camillo n’est ici pas très loin… Cependant chacun se souviendra d’un prêtre assez effacé de la vie communale ou au contraire l’animant. A Sainte-Croix, beaucoup se souviennent de personnages tels que l’abbé Boyer ou l’abbé Barouin, très proches des villageois, pratiquants ou non, amis avec la municipalité et l’instituteur, organisant des kermesses, des représentations théâtrales, des soirées cinéma, des voyages pour les enfants…
La vie du prêtre était rythmée par les différents offices, par le son de la cloche actionnée par le marguillier, par les confessions, les cours de catéchisme et bien sûr par les sacrements. Vivant à la cure, il était secondé dans ses taches ménagères par sa bonne, fille du pays que l’on choisissait en général déjà âgée pour éviter les commérages… Le dimanche midi, il était invité à la table du châtelain pour partager le repas familial sous sa bénédiction. Parfois, il était invité par d’autres familles du bourg ou des commerçants, très croyants et partageant les mêmes convictions.