Venant d’évoquer la figure du prêtre, faisons de même avec le maître d’école. Sous l’Ancien Régime, école et église sont très liées et le maître d’école est aussi le sacristain du curé, l’aidant dans ses démarches administratives, participant à l’entretien de l’église, chantant lors des messes… En plus de ces fonctions, lui revient la tâche d’enseigner auprès des quelques enfants fréquentant sa salle de classe bien souvent située chez lui. On apprend essentiellement la lecture et le chant puisque concernant l’arithmétique ou la grammaire, le maître d’école n’a souvent pas les capacités requises : il est souvent commerçant (tisserand, sabotier… au bourg) ayant plus d’instruction que la moyenne mais sans plus.
Avec le temps, le clergé prend une grande emprise sur le système éducatif jusqu’à 1905 marquant la séparation de l’Eglise et de l’Etat et faisant naître des conflits entre religieux et laïcs, d’autant que l’école est obligatoire depuis 1882 grâce à Jules Ferry. Dans les années 1930-1940, le maître d’école participe à la vie du village et loge avec son épouse dans des appartements situés au-dessus de la mairie école. Parfois sa femme s’occupe des petites sections, lui des plus grands et fait également office de secrétaire de mairie.
Souvent originaire de l’extérieur, il apprend à connaître sa région d’adoption, essaie de s’habituer aux coutumes locales : il doit se faire au patois tout en essayant de l’exclure en classe, doit faire avec les parents envoyant leurs enfants à l’école uniquement en période hivernale lorsque les travaux à la ferme sont moindres. Craint, respecté, il est une référence pour les élèves souhaitant réussir : c’est de sa pédagogie dont peut dépendre l’avenir d’un enfant. Des liens plus amicaux peuvent se créer lors de sorties particulières comme le jour où il prend sa voiture pour emmener ses élèves passer le certificat d’études au chef-lieu de canton. Tout le monde se souvient de son maître d’école même s’il a changé de nom pour devenir « instituteur » puis « professeur des écoles »…