Si le maître d’école représente l’instruction, le prêtre le respect de la religion, le gendarme, lui, représente la loi ! Apparue sous le nom de « maréchaussée », la « gendarmerie nationale » (de « gens d’armes ») naît historiquement en 1791.   
L’obéissance absolue à la loi étant le propre de la fonction du gendarme, cette caractéristique lui vaudra d’être assez mal vu par la population. En effet, au moment de la Révolution Française, c’est lui qui assure la levée en masse des recrues pour l’armée, recherche les déserteurs et traque les prêtres réfractaires. A la fin du 19ème siècle, lorsque la révolution industrielle va entraîner des mouvements sociaux, son rôle de briseur de grèves et de manifestations va le faire passer aux yeux du peuple pour un mercenaire à la solde du patronat, image négative véhiculée également par les romanciers naturalistes.
Dans nos campagnes, la présence du gendarme est doublement perçue. De manière positive lorsqu’il rassure les routes où vagabondent bohémiens et autres rôdeurs enclins à perturber le quotidien. Par contre, lorsqu’il intervient dans le domaine du braconnage, d’histoires de chasse ou de petite contrebande, sa présence est nettement moins souhaitée…
Autre uniforme, affolant moins que celui du gendarme, celui du garde-champêtre. Tout le monde le connaît au village et l’apprécie car originaire du pays et passant ses journées à sillonner la campagne. Il incarne lui aussi l’ordre mais l’ordre municipal concernant les délits ordinaires, infractions dans les forêts, sur le terrain communal ou le champ de foire, querelles de voisinage…
Premier messager de la République, il représente aussi celui qui sait les nouvelles du monde extérieur. Tambour en bandoulière, casquette vissée sur la tête où sont brodées les initiales « G C », il annonce les nouvelles qui viennent de la ville ou les arrêtés décidés par le maire. Roulement de tambour puis : « Avis à la population ! ». Sa venue sur la place publique est par contre vécue avec inquiétude en période de guerre : les nouvelles sont alors rarement bonnes…
Pour terminer sur une note joyeuse, voyons la description que fait Marcel Aymé de Capucet, garde-champêtre personnage de son roman La Table-aux-Crevés : « Dans le pays, il ne se buvait rien de sérieux sans Capucet. A l’occasion du 14 juillet, Capucet revêtait son uniforme ; le reste du temps, il était habillé comme tout le monde et un peu plus mal, sauf au jour de l’an qu’il coiffait son képi. »