A la fin du 19ème siècle, les colporteurs hommes vendent plutôt des lunettes, des dés à coudre, des ciseaux, des bagues fantaisie ou des alliances en cuivre et des almanachs (alors quasiment l’un des seuls écrits diffusés dans les campagnes avec la Bible). Les femmes quant à elles proposent foulards, rubans, dentelle, fil à coudre et à broder et des aiguilles.
Selon les contrées, certains colporteurs se spécialisent donnant lieu à des professions originales comme le « diseur de prières ». Ce dernier transporte pour seul bagage qu’un petit autel dépliant et quelques statuettes : s’installant dans un coin de la maison l’accueillant, il met une demi-heure environ à réciter à voix basse les sept psaumes de la Pénitence, chargés de conjurer le mauvais sort et de protéger tous ceux, bêtes et gens, qui vivent sous le même toit. Parfois, il vend aussi quelques images pieuses. En guise de paiement, on lui donne le gîte (une brassée de paille dans la grange) et le couvert.
En Bresse comme ailleurs, il était de bon ton de recevoir de façon convenable les colporteurs, marchands ambulants et autres voyageurs de grands chemins… tout du moins ceux que l’on connaissait. D’autres par contre étaient évités et fuis à l’image des Bohémiens, ces « voleurs d’enfants et de poules » comme on les surnommait. L’arrivée dans un village d’une roulotte d’où grouillaient enfants pieds nus et en haillons, femmes vendant des paniers et hommes proposant leurs services n’était jamais vue d’un bon œil et présageait quelques catastrophes.
Par contre, les marchands habituels, voire même certains mendiants, étaient attendus : par leur passage à intervalle fixe, on se réapprovisionnait en denrée quelconque mais surtout on en savait un peu plus sur les nouvelles des villages voisins ou de contrées semblent bien lointaines pour un Bressan attaché à sa terre.