Pour continuer ce petit tour d’horizon des métiers itinérants, intéressons-nous à l’activité des forestiers et scieurs de long. En Bresse, pays parsemé de bois (souvent appelés « rippes »), chacun se rendait en hiver, là où l’activité agricole est au repos, dans les bois communaux ou sur sa propriété pour « aller au bois » comme on dit. On coupait le bois de chauffage et à l’aide de « gouya » et autres « serfouettes » on nettoyait, essartait et entretenait ces espaces boisés. Pour certains Bressans, cette activité liée au travail du bois était quotidienne lorsqu’ils étaient forestiers ou encore scieurs de long. Certains étaient sédentaires, travaillant à la journée ou à la semaine, dans leur région. Jusqu’au début du 20ème siècle, les scieurs itinérants étaient d’origines et de modes diverses. Existaient ceux se déplaçant dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres autour de leur village. Reconnaissables à leur besace sur l’épaule et à leur outillage, ils travaillent de maison en maison, chez des particuliers ; généralement, ils sont scieurs durant la mauvaise saison et paysans aux beaux jours. On rencontrait ensuite les scieurs ambulants, parcourant inlassablement les campagnes à la recherche de quelconque travail espérant en échange trouver nourriture, hébergeage et pourquoi pas quelques pièces. Sans attache familiale ni résidence fixe, ils côtoyaient les scieurs immigrants, chassés de leurs pays pour des raisons économiques ou politiques, et les migrants ou émigrants, essentiellement du Massif Central.
Avec l’industrialisation, certains hommes travaillaient dans une scierie et partaient de temps en temps dans les forêts en chantier : c’est ce que faisait mon grand-père paternel travaillant à la scierie Prabel à Frontenaud.