Lors des chantiers d’abattage, des camps se construisaient dans les bois. Sur ces chantiers, les bûcherons côtoyaient les charbonniers, affligés d’une mauvaise réputation en raison de leur apparence (mains et visages noircis par la suie). Ils commençaient par ramasser du bois puis construisaient le fourneau appelé « meule », art difficile exigeant de bien prévoir la circulation de l’air pendant la combustion tout en assurant l’étanchéité de l’ensemble. Après la mise à feu, la meule ne devait pas s’éteindre pendant au moins 48 heures : une fois refroidi, le charbon de bois était mis dans de grands sacs contenant environ dix décalitres soit une trentaine de kilos. D’autres professionnels spécifiques évoluaient dans cette atmosphère : débardeur, élagueur, fagotier, empileur ou encore chapuisier dont l’activité s’éteindra avec l’arrivée du scieur de long.
Lui aussi est une figure des campagnes bressanes disparu avec la généralisation des scieries mécaniques mais souvent repris dans les fêtes de battages et autres manifestations à caractère folkloriques. Avant de passer à l’étape du sciage, les billes de bois débitées à l’aide du passe-partout étaient aplanies sur deux faces parallèles afin de recevoir le tracé de la coupe en long. Après avoir fixé et calé la bille sur le chevalet, les deux ouvriers se mettent en place : le « singe » ou « chevrier » est en équilibre sur la bille et en contrebas le « patron » ou « renardier », jambes écartées, guidait la scie appelée « guitare » ou « belle-mère » et la poussait, cependant que le premier la tirait.
Toutes ces professions liées au travail du bois étaient réputés dures du fait des conditions climatiques hivernales et quotidiennes : un dicton disait d’ailleurs qu’aucun scieur de long n’allait en enfer car ils l’avaient connu sur terre.
 
Les reconstitutions et autres fêtes « folkloriques » étaient l’occasion de retrouver des savoir-faire d’autrefois comme celui des scieurs de long ici à Sainte-Croix.