A moins de deux kilomètres au sud-est du bourg de Frontenaud se trouve le château des Crozes. Commençons par dire que le château ne se situe pas sur le hameau des Crozes mais des Courbes. Les Crozes (ou Croses) sont à quelques centaines de mètres et constituent le point culminant de la commune : 211 mètres. C’est d’ailleurs en ce lieu que fut édifié l’autre château de la commune…le château d’eau ! C’est donc Jules Logerotte qui fit bâtir le château, que nous appellerons des Crozes pour utiliser la dénomination commune, de 1875 à 1880. De style néo-flamboyant, le château est ceint d’un grand parc boisé de près de trois hectares et offre une magnifique vue sur les monts proches du Jura. A l’origine, le château comportait au sous-sol de vastes caves voutées, une salle de bain, un fruitier et plusieurs pièces à usages divers ; au rez-de-chaussée : un grand vestibule avec escalier, la cuisine, une grande salle à manger, plusieurs salons, un bureau, une bibliothèque et une grande véranda. Le deuxième étage abritait quatorze chambres et une salle de billard alors que sous les combles étaient aménagés deux chambres mansardées et un vaste grenier. A noter la présence, dans la grande salle à manger, d’une peinture murale représentant une scène estivale de foins et de moissons où se détachent au loin le château et le bourg. Attribuée au peintre de Sagy Jules Guillemin, cette œuvre représenterait de vrais habitants de Frontenaud. Dans le clos du parc, se situe au sud-est du château un pavillon avec cuisine, salle à manger, deux chambres, salle de bain, écuries et garage. Au sud-ouest s’élève encore la chapelle surmontant le caveau funéraire de la famille Logerotte. Au décès de Jules Logerotte c’est sa fille, Madame de Lavérine, qui reçut en héritage le château des Crozes. Cette dernière dut subir les dures épreuves infligées par les guerres à commencer par le décès de son époux, capitaine, et de son fils aîné Joseph durant la première guerre mondiale. Son second fils, Hubert de Lavérine, périt avec son épouse et leurs deux petites-filles à Oradour-sur-Glane lors du terrible massacre dont le village et ses habitants furent les victimes en 1942. Hubert s’y était réfugié de retour de captivité, Oradour étant le village natal de son épouse, Antoinette Pathée. Une plaque fut apposée dans le hall du château en leur mémoire. Après la mort de Madame de Lavérine, c’est son petit-fils qui mit la propriété en vente (château et terres attenantes). En 1956, sous l’impulsion du Docteur Guimet de Varennes-Saint-Sauveur, un syndicat intercommunal se constitua pour racheter le bien et y créer une maison de retraite. Son expérience avait en effet permis au Docteur Guimet de mettre en avant le besoin social que ressentaient de plus en plus les personnes âgées de la région. Les communes de Frontenaud, Champagnat, Condal, Dommartin-les-Cuiseaux, Flacey-en-Bresse, Le Miroir, Sagy, Sainte-Croix-en-Bresse et Varennes-Saint-Sauveur furent donc côte-à-côte pour mener à bien cette entreprise et inaugurer cette maison de retraite « pour vieillards et convalescents » comme le mentionnait la presse d’alors, le 5 mai 1957. Le 4 novembre suivant, l’institution ouvrait ses portes : le premier résident fut Monsieur Duchesneau, fils d’un ancien médecin de Louhans.  Des extensions et travaux divers se sont succédés au fil des décennies. Le château des Crozes est toujours une maison de retraite, médicalisée, pouvant accueillir 91 personnes et embauchant une main-d’œuvre féminine non négligeable pour les communes de Frontenaud et alentours.

La maison de retraite du château des Crozes est un établissement public géré par un Conseil d’Administration.