A proximité du pont enjambant la voie de chemin de fer reliant Dijon à Bourg, se trouve un bâtiment évoquant l'architecture des écoles d'antan : ce lieu est communément appelé "le Temple". Cet édifice rappelle les temps où une forte population protestante s'était faite jour en Bresse. Le terrain fut acheté en 1853 afin d'y ériger un temple qui fut inauguré en 1855 : cette installation permettait de transférer les activités des stations d'évangélisation de Bruailles et de La Chapelle-Naude. De plan rectangulaire, orienté Est/Ouest, il fut dessiné par un certain Monin, architecte louhannais. Au rez-de-chaussée était installée la salle de culte alors qu'à l'étage se trouvait le logement du pasteur. Au-dessus de la porte donnant accès aux parties privées du Temple se trouvait une inscription : "Choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir. Pour moi et ma maison, nous servirons l'éternel". Cette phrase reprend les paroles de Josué rapportées dans la Bible. Un four et un puits furent également construits afin de pouvoir avoir sur place (le temple est à 800 mètre du bourg) et à moindre coût du pain et de l'eau : le puits, toujours bien visible, fut creusé à l'entrée de la propriété, le long de la route. Au milieu du 19ème siècle, 25 enfants reçurent un enseignement au temple :  «"Pendant la Révolution de 1848, des colporteurs protestants parcoururent toutes les paroisses des environs, vendant des bibles, distribuant toutes sortes de brochures contre l'Eglise catholique. A Frontenaud ces hérétiques viennent facilement à bout de se faire, en peu de temps, un certain nombre d'adeptes...". Ils firent même édifier une école gratuite, si bien qu'au  milieu du siècle dernier, on compte à Frontenaud environ 70 protestants (enfants compris), "sans parler d'un certain nombre de familles devenues plus ou moins chancelantes"».  Il semblerait qu'un cimetière protestant ait également été établi au lieu dit La Fournaise (au bord de l'actuelle route reliant Frontenaud à Dommartin-les-Cuiseaux) et que la première inhumation se fit au cours de l'hiver 1850.  Une mission catholique fut mise en place à la fin du 19ème siècle afin de récupérer quelques âmes (ceci nous éclaire d'ailleurs un peu plus quant à la présence de nombreuses croix sur la commune) ce qui permit de ramener à dix ou douze le nombre de protestants. Au cours du quatrième quart du 19ème siècle, l'organisation commence à chuter peu à peu : le temple est alors désaffecté puis vendu à un ancien juge de Genève puis à la Société Immobilière des Eglises et Chapelle évangéliques libres. En 1904, le bâtiment fut vendu à un sabotier des Chardonnières, Louis Mazoyer, qui le revendit en 1911 à Monsieur Ramier. Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands établirent en ce lieu un QG qui aurait été la cible des maquisards locaux si les occupants habituels de la maison n'avaient été contraints d'y rester. Néanmoins, la voie située à proximité fut à nombreuses reprises la cible de sabotages : en février 1943, trois déraillements furent comptabilisés. "Le Temple" est aujourd'hui une résidence, propriété privée.A

La Fournaise, lieu où aurait été implanté le cimetière protestant de la commune.