Reprenons et terminons ici la vie de notre Bressan en évoquant les rites, traditions et croyances liés à la mort.
Personnifiée par un squelette armé d’une faux, la mort est très présente dans les arts et littérature comme elle l’était dans les esprits des habitants de Bresse et de toutes les régions de France. Qu’on la craigne ou non, certains présages que l’on savait mauvais étaient annonciateurs de mort prochaine pour soi-même ou l’entourage : nous avons déjà évoqué, entre autres, le fait qu’il ne faut pas aller écouter les animaux de l’étable la nuit de Noël sous peine de trépasser le lendemain ou ne pas choisir pour marraine à un enfant une femme enceinte car l’enfant qu’elle porte mourait dans l’année. De même, on suspectait le cri funèbre d’un corbeau trop près de la maison ou le hululement d’une chouette dans les combles. C’est en partie à cause de ce caractère néfaste que l’on clouait autrefois une chouette sur la porte de grange afin de se protéger de son mauvais augure ; par la suite, ce symbole était sensé préservé le foyer en règle général.
Lorsque la mort intervenait, c’était le plus souvent à la maison, entouré des siens et du prêtre appelé pour les derniers sacrements : dans la première moitié du 20ème siècle, il était en effet très mal vu de décéder à l’hôpital, ce qui consistait en une humiliation. Ce sort était réservé aux miséreux ou seulement en cas extrême, suite à un accident ou à une opération mais de toute façon il était bien rare qu’un bressan voit en cette période un lit d’hôpital : lors d’une maladie, on appelait le médecin en dernier recours, après avoir essayé remèdes, prières et appositions de toutes sortes. La visite du médecin dans un hameau annonçait bien souvent la sonnerie du glas et un trou dans les économies de la maison.
L’administration des derniers sacrements était solennelle et lorsque la clochette annonçait le passage du curé et de ses enfants de chœur, les voisins du hameau, surtout les femmes, les suivaient en silence afin d’assister à la dernière bénédiction.
C’est ainsi que s’éteignait, idéalement si l’on puit dire, notre Bressan, sur sa terre natale, dans la maison où il a vécu, entouré des siens et prêt à rejoindre d’autres cieux grâce aux services du prêtre… sans quoi notre homme pourrait bien revenir hanter sa Bresse tel un orjus…