Le premier dimanche de Carême, les paysans parcouraient les campagnes avec des brandons allumés, comme le faisaient les païens pour purifier les champs et en écarter les mauvais génies. Le christianisme ne pouvant déraciner ces superstitions, les consacra en bénissant les feux et les torches et le dimanche où ces courses avaient lieu s’appelle encore aujourd’hui le dimanche des Brandons.  
Le premier dimanche du Carême était le dimanche des Brandons. Le soir, on allumait près des villages des grands feux d’épines et même des fagots ; on dansait des rondes autour des feux ; on enlevait et agitait en l’air les tisons enflammés ou brandons en chantant et poussant des cris de joie. Quand le feu avait cessé de donner de grandes flammes, les jeunes gens, pour montrer leur agilité, sautaient par dessus les tisons. Les jeunes filles elles-mêmes s’évertuaient à traverser le foyer pour être sûres de se marier dans l’année. C’était, comme les feux de la Saint-Jean, un reste des Bacchanales nocturnes antiques et des vieilles fêtes druidiques pendant lesquelles on allumait des feux sacrés, et parcourait les campagnes tenant à la main des torches, des tisons enflammés, pour écarter les mauvais génies et garantir les arbres des insectes nuisibles. On les agitait dans les champs et sous les arbres fruitiers pour avoir une récolte abondante de grains, de chanvre, de fruits. Dans certaines localités, comme à La Chapelle-Naude, on appelle encore ces feux les Reugnes et l’on chante en dansant autour : Reugnes, Reugnes, autant de pommes que de feuilles.
Le Carême était rigoureusement observé. L’usage du beurre avait même été autrefois interdit par l’Eglise, aussi bien que celui des œufs ; mais depuis longtemps déjà, les provinces qui manquaient d’huile avaient obtenu du pape la permission de manger du beurre en carême sous condition de prières et d’aumônes. Ainsi, il y avait autrefois dans les églises « des troncs pour le beurre ». Jusqu’en 1775, les bouchers n’avaient pas le droit d’ouvrir leurs boutiques tant que durait le carême ; on tolérait toutefois jadis une boucherie de carême, avec droit exclusif de vendre de la viande aux malades.
On trouvait bien long le temps consacré à l’abstinence, au jeûne, à la prière ; aussi, on faisait, en beaucoup de maisons, sur le manteau de la cheminée, autant de traits qu’il y avait de jours de carême et chaque soir, comme les écoliers escomptant de loin la venue des vacances, on barrait ces traits.
A la Mi-Carême, trois semaines après le dimanche des Brandons, pour couper ce long temps de pénitence, on éprouvait le besoin, surtout à la ville, de se livrer à quelques réjouissances, en signe de joie puisqu’il ne restait plus qu’une moitié de carême à s’écouler.