Le mois de mai a de tout temps été célébré par des cérémonies mystiques et des coutumes populaires.
Dans l’antiquité, le 1er mai était consacré à Flore, déesse des fleurs : le calendrier républicain donna à ce mois le nom de floréal. L’Eglise chrétienne consacra ce mois à la Vierge Marie ; on sait que la dévotion et le culte rendus à la Vierge sont très anciens et se manifestaient au Moyen-Âge par des sanctuaires élevés en son honneur, et jusque dans les carrefours des bois, par des niches champêtres avec madone dans un creux d’arbre, devant laquelle on venait s’agenouiller.
Le 1er mai, on avait l’habitude en Bresse de planter un mai, arbrisseau, arbre ou grande perche couronnée de verdure sur la place publique ou dans la cour du château seigneurial. Cette coutume du mai, du maialis arbor, ainsi planter en l’honneur de celui ou celle que l’on voulait honorer, nous vient encore une fois des Romains. Cette coutume était l’occasion de libations, de rondes et de danses autour de l’arbre.
Les jeunes gens, après s’être approvisionnés de branches de jeunes arbres dans les bois voisins, venaient planter pendant la nuit précédant le 1er mai, l’arbrisseau symbolique, le mai devant la porte ou les fenêtres des jeunes filles. Celle qui refusait l’hommage de son amoureux allait mettre une assiette de noix au pied du mai planté devant sa demeure. Des mais ainsi placés, quel est la caractère symbolique ? La charmille signifie douceur et modestie, le chêne ou le hêtre la force et la beauté, une branche de lilas rend hommage à la grâce et la beauté. Cependant, la signification variait selon les localités : dans le Jura, tous les arbres à fruits sont une grossière injure signifiant que la jeune personne était de mœurs faciles, peu sauvage. En Bresse, en revanche, une branche de cerisier fleurie était un hommage discret à une vertu appréciée.
De mauvais plaisantins, on le conçoit, ne manquaient pas de saisir l’occasion du 1er mai pour faire quelques méchancetés. Ils plaçaient à la porte de certaines personnes des emblèmes peu flatteurs comme le sureau signifiant la paresse ; le tremble, l’orgueil ; de vieux sabots ou des casseroles en signe de dérision ; une chaîne de coquilles d’escargots, médisance et bavardage.
A Bruailles, avait lieu le goniot : chaque année, les jeunes gens du pays mettaient un bouquet de fleurs à la cheminée ou à la poignée de la porte de la maison de la jeune fille la plus jolie et méritante du village, ainsi qu’un mannequin, ou goniot, à la porte de la jeune fille jugée la plus désagréable et disgracieuse.
La nuit du 1er mai, les gens des villages de Bresse avaient l’habitude de passer dans les cours des maisons pour y ramasser les objets traînant : bancs, chars, pots de fleurs…
Enfin, le 1er mai reparaissait un vestige du culte ancien de la déesse Maïa : pour être belles et avoir toute l’année le teint frais et la peau douce, les jeunes filles devaient, ce jour et chaque matin du mois, se débarbouiller avec la rosée de mai. Et encore, comme au temps de Romains, si l’on entendait chanter le coucou, c’était un présage de bonheur.