Le 1er et le 2 novembre, la Toussaint et le Jour des Morts, le glas funèbre appelle les fidèles aux offices et à la prière pour les trépassés.
Il était d’usage autrefois, le soir de la Toussaint, de faire brûler des cierges à l’église pendant que les cloches faisaient entendre leur son lugubre. A minuit, on éteignait les cierges et les cloches cessaient. Aussitôt les sonneurs quittaient l’église et munis d’une lanterne et d’une petite clochette allaient dans les rues la faisant retentir à la porte des maisons et criant : « Réveillez-vous, gens qui dormez et priez Dieu pour les Trépassés ». Souvent les sonneurs ne se contentaient pas de sonner et crier : ils frappaient aux portes pour mieux éveiller les dormeurs en psalmodiant d’un ton lugubre leur tristes lamentations.
Cet usage avait donné lieu à la quête des sonneurs qui s’est confondue avec celle du donneur d’eau bénite qui, plusieurs fois par an, se présentait devant les maisons et pénétrait dans la chambre principale dont il aspergeait le seuil en récitant l’Asperges me Domine. Dans les villages, il s’agissait généralement d’un pauvre choisi par le curé à qui l’on faisait une petite aumône, recevant aussi du pain ou de la flamusse.
A la campagne, la dissémination des maisons et leur éloignement du bourg avaient rendu bien difficile la permanence de ces quêtes chaque semaine. De plus, il pouvait n’y avoir qu’un seul donneur d’eau bénite attitré pour tout le village, comme à Louhans. Il n’allait qu’une fois ou deux par an dans les maisons : le samedi saint et le dernier jour d’octobre ou le premier de novembre. Pour ce deuxième passage, sa quête se confondait avec celle des sonneurs.
Le jour de la Toussaint, une vieille superstition faisait manger des bouillies de millet décortiqué ou pilé au repas du soir : autant de grains avalés, autant d’âmes délivrées du purgatoire ! A l’occasion de certaines fêtes, comme les Rogations, il était dangereux de faire la lessive : cela pouvait entraîner la mort du chef de la maison. Elle était à craindre aussi si on la faisait les jours précédant la Toussaint : les lessiveuses risquaient du même coup de « laver leur suaire ».