En ces jours où les climats se fait plus rigoureux et les journées plus courtes, parlons de ces jeux que les enfants inventaient dès les premières gelées.
Avec l’arrivée du mois de novembre, la neige était encore à attendre mais le froid commençait à s’installer en Bresse, un froid humide accru par l’omniprésence des brumes et brouillards habillant notre région. Le gel a déjà fait son apparition et certains matins, les carreaux des fermes bressanes se trouvaient avoir gelés de l’intérieur par manque d’isolation.
Pour les enfants, le trajet pour aller à l’école devenait plus frisquet mais pouvait s’avérer plus amusant : bien évidemment, on glissait sur les mares et les fossés gelés en espérant que la glace tienne assez pour recevoir les chutes des polissons. D’autres, suçaient les glaçons se formant à la tombée des toits, les chéneaux étant alors inexistants, ou les faisaient fondre sur la chaudière où l’on faisait cuire les patates pour les cochons.
Un jeu était autrefois très en vogue car porteur de sensations mais fait à l’insu des adultes : il consistait tout simplement à placer sa langue contre une pièce métallique (garde-corps, poteaux…). Rien d’exceptionnel me direz-vous si ce n’est qu’avec le gel et le contact du métal, la salive se solidifiait et la langue restait collée ! Il fallait alors exhaler du souffle chaud afin que les bambins, plus ou moins âgés d’ailleurs, puissent se défaire de cette emprise, en rigoler avec les copains et recommencer à la prochaine occasion… 
Mais le gel ne faisait pas qu’amuser, il pouvait également être très désagréable lorsque portant un cache-nez ce dernier se givrait du fait de la respiration. Autrefois, les gros anoraks et doudounes d’aujourd’hui n’existaient pas : on était engoncé dans des gros pulls tricotés, on portait des passe-montagne, des moufles en laine laissant simplement le pouce manœuvrer et des grosses chaussettes en laine qui retombaient inlassablement sur les chevilles l’élastique se détendant à force d’usure !... 
Le retour du chemin de l’école se faisait alors dans la pénombre, les pensées allant déjà aux jeux que l’on ferait à nouveau le lendemain…