Nous sommes arrivés au dernier mois de l’année, en plein hiver : les distractions ne sont plus les mêmes et les journées sont bien longues…
Il fallait couper la monotonie de ces journées d’hiver par quelques distractions nouvelles… L’une d’elles était le « repas de cochon » : il se faisait à une époque indéterminée, le plus souvent entre la Saint Martin et Noël, alors que pour les besoins du ménage un cochon gras sera tué et dont la majeure partie ira au saloir.
Cet usage est très ancien, autant que la pratique de l’élevage des porcs en Bresse. Du temps des Gaulois, les peuplades séquanaises se trouvant sur la rive gauche de la Saône pratiquaient déjà l’élevage des porcs et en faisaient un commerce apparemment très réputé. On disait même en 1600 que le meilleur jambon présent à la « foire aux jambons de Paris » venait de Chalon-sur-Saône : il devait provenir en grande partie de la Bresse chalonnaise et du Louhannais.
De nombreux auteurs ou érudits on évoqué ces repas de cochon comme étant de vrais festins pantagruéliques, d’une durée interminable, où les paysans faisaient montre d’un robuste appétit rompant avec le jeûne forcé de tous les jours. La viande était en effet un mets de luxe, n’apparaissant sur leur table qu’à de bien rares occasions.
Le jour où l’on tuait le cochon a toujours été un grand évènement dans les maisons. C’était l’occasion d’une vraie fête et d’un dîner où l’on invitait les parents, les voisins, les amis dont quelques-uns avaient prêté la main à la besogne. On revêtait alors ses beaux habits, ceux « du dimanche » ou ceux, comme on disait alors, « à manger du fricot ». On faisait bombance complète de viande de porc et de ses reliefs formant boudins, andouilles, saucisses et fricassées. Du boudin et un peu de viande fraîche pour faire de la « grillade » étaient envoyés aux amis n’ayant pu venir. C’étaient là d’anciennes et bonnes habitudes rencontrées en Bresse que certaines familles ont su conserver en partie notamment avec l’abattage du cochon à la ferme.
Le repas de cochon était bien le symbole de l’entretien d’une certaine cordialité des relations d’amitié et de voisinage.