Les populations rurales ont toujours eu beaucoup d’imagination : la preuve avec ces deux fêtes au nom particulier, la Fête des Fous et la Fête des Rats.
En cette fin d’année, il n’est plus question de cérémonies burlesques qui, au Moyen-Âge et longtemps encore après, avaient lieu dans nos églises les jours suivant Noël, surtout le 28 décembre, fête des Saints Innocents. C’était ce que l’on appelait la Fête des Fous : des enfants de chœur et diverses personnes recrutées pour l’occasion, revêtaient des habits sacerdotaux et officiaient publiquement avec solennité, mêlant aux cérémonies religieuses des folies et indécences incroyables. Ainsi, après avoir élu un abbé ou prélat des Fous, on le conduisait au chœur en grande pompe pour qu’il donne, coiffé d’une mitre, la bénédiction aux assistants, le tout accompagné de chants burlesques, processions ridicules et danses folles au milieu de l’église. On remplissait les encensoirs de vieux morceaux de cuir au lien d’encens, on jouait aux dés, mangeait des saucisses et du boudin sous les yeux du célébrant…
Cette fête se rapprochait du carnaval du Moyen-Âge et portait l’empreinte du paganisme : elle semble avoir été empruntée aux Saturnales romaines et s’être continuée ensuite, imitant les représentations dramatiques que les pèlerins jouaient sur les parvis d’églises. Ce type de fêtes resta longtemps en vogue dans les diocèses de la Bourgogne et de la Comté, offrant de nombreuses variations.
La Fête des Rats a quant à elle a été ajoutée par le peuple aux saints du calendrier, le 29 décembre. Ceux qui seraient allés travailler ce jour-là où qui ne seraient pas aller à la messe, couraient le risque de voir leur linge et leurs sacs détériorés par les rongeurs. On racontait que deux ménages ayant été obligés de loger sous le même toit pour un temps, mélangèrent leur linge de corps et de lit. Une des familles avait célébré la Fête des Rats, l’autre non. Pendant le cours de l’année suivante, les rats surent bien reconnaître les linges des personnes ne les ayant pas fêtés : ils mirent les tissus en morceaux… et ne firent aucun mal à ceux de l’autre ménage. On vous aura prévenu…