La Bresse compte quelques chapelles ou statues particulières, dites « à répit ». Selon la croyance populaire, le « répit » est, chez un enfant mort-né, un retour temporaire à la vie le temps de lui conférer le baptême avant la mort définitive. Ayant été baptisé, l’enfant pourra de ce fait entrer en paradis au lieu d’errer éternellement dans les limbes où il serait privé de la vision de Dieu. Mais le répit n’est possible qu’en certains sanctuaires, le plus souvent consacrés à la Vierge dont l’intercession est nécessaire pour obtenir un miracle. L’enfant mort-né est souvent apporté dans les heures suivant l’accouchement, généralement par le père accompagné d’un ou plusieurs voisins. Arrivé au sanctuaire, le corps de l’enfant est déposé devant l’autel de la Vierge, priée avec ferveur par tous les assistants, auxquels se joignent généralement un ou plusieurs prêtres attachés au sanctuaire. On guette le moindre signe pouvant faire croire à un retour temporaire à la vie : coloration du visage, émission d’un souffle, bruit en provenance du petit corps, apparition de quelques gouttes de sang aux narines… Si un de ces événements survient, l’enfant est immédiatement baptisé par un des prêtres présents. La mort définitive survient peu après, mais l’assistance est soulagée : l’âme de l’enfant est désormais en paradis. Après la « seconde mort » le petit cadavre est inhumé sur place. Dans certains endroits, un coin particulier du cimetière est consacré aux enfants ayant bénéficié d’un répit. Les archives des sanctuaires à répit les plus célèbres ont conservé des centaines de témoignages de ces faits jugés miraculeux, consignés par des prêtres. Il ne semble pas qu’il y ait eu supercherie ou hallucination collective dans ces récits, mais interprétation erronée de phénomènes physiques dus au processus de décomposition des petits cadavres bien étudié par la médecine légale du 19ème siècle. Pour les témoins, quelque chose d’extraordinaire se produisait.
Face à une forte mortalité infantile, il était très important pour les parents que leur enfant soit baptisé : les vierges à répit étaient l’occasion de « ranimer » le corps avant le trépas.