Après avoir évoqué le travail de l’arpenteur sachant « dire la terre », intéressons-nous à celui sachant lire et rédiger les actes importants de la vie, le notaire.
Le notariat tel qu’on le conçoit aujourd’hui est né en Italie aux 12ème - 13ème siècles avant de s’étendre au Royaume de France via le Midi. Trois types de notaires coexistent alors : le notaire ecclésiastique, seigneurial ou royal, chacun dépendant et s’occupant des affaires de l’Eglise, du seigneur ou du Roi. Après la Révolution, ces distinctions n’existent plus, seule demeure la différenciation de compétences : pour être valable, un acte devait être fait dans une zone géographiquement bien limitée ; aujourd’hui les notaires peuvent agir sur tout le territoire français quel que soit l’emplacement de son étude.
A l’origine, le notaire est ambulant : il est présent sur les foires, les marchés dans un petit box où les passants peuvent recourir à ses services ; les études n’apparaîtront qu’au moment où des clercs seront dévoués à aider les notaires dans leur travail quotidien, au 18ème siècle.
La situation sociale du notaire variait en fonction de la région dans laquelle il exerçait : fonction accessible en passant un examen devant ses pairs, le notariat avait l’avantage de permettre à un jeune travailleur et ayant des capacités intellectuelles d’accéder à ce poste. Cependant, les juristes sortis de l’Université dénigraient quelque peu ces « gratte-papiers » surtout s’ils exerçaient en milieu rural.
C’est justement en milieu rural que le notaire tient une place importante : il est souvent le seul à savoir lire avec le curé et c’est à lui que se remet une famille entière par la rédaction des grands actes de leur vie. Sorte de législateur privé, il conseille et oriente les parties et joue un rôle considérable dans la transmission des biens, la pérennité de la famille et l’exécution post mortem des vœux de ses clients.
Le notaire établit essentiellement des contrats d’achat et de vente, des testaments, des inventaires après décès et des contrats de mariage : ces trois derniers documents constituent des sources considérables pour le travail des historiens ou généalogistes. Avec le testament, on connaît les volontés de l’intéressé et on peut supposer selon celles-ci s’il est catholique, janséniste, protestant… L’inventaire après décès permet de connaître tous les biens d’un homme à un moment précis de sa vie : il nous éclaire sur la façon de vivre au quotidien par la présence, l’absence ou l’importance de certains biens. Enfin, le contrat de mariage donne énormément d’informations sur les familles impliquées et parfois sur les raisons d’une union : si une sœur et un frère épouse au même moment un frère et une sœur, on peut supposer qu’il y a eu échange de dots…
Tous ces documents se transmettaient de génération en génération, rangés dans un lieu sûr ou bien même en l’étude du notaire chez qui la famille allait et qui, en cas de cessation d’activité de ce dernier, allait chez son successeur.