Traditions bressanes
"Moulin Rouge" et loups
A quelques centaines de mètres de la base de loisirs de Louvarel, sur la commune voisine de Dommartin-les-Cuiseaux, se dresse la sculpture dessinée par Jean Brisé, mettant en avant le fier gallinacé bressan : plus haut poulet du monde, ce dernier a été réalisé par l’entreprise locale « Les Chaudronneries du Revermont » afin de symboliser l’aire du Poulet de Bresse. Cette aire située sur l’A39, projet également promu par la Communauté de Communes du Canton de Cuiseaux, participe à une véritable dynamique économique et touristique pour la région. Pour terminer sur le visage "loisirs et détente" de Champagnat, faisons une petite halte au "Domaine du Moulin Rouge", sur la route reliant Dommartin à Cuiseaux. Installée depuis quelques années, cette enseigne a pris la succession du "Moulin Rouge", restaurant pizzéria à la renommée qui, encore une fois, dépassa de loin les frontières du canton. Pendant plus de vingt ans, les propriétaires de ce lieu de charme ont rénové de leurs mains et avec goût cette ancienne ferme toute en pierre pour lui donner un cadre typique, naturel et humain auquel était très attachée l’auteure de ces lignes, qui passa ces années estudiantines dans ce restaurant aux allures de musée en tant que serveuse. Près de Louvarel se trouve à « Gratte-Loup » une très belle ferme de type bugeyen entièrement en pierre : sous un unique toit très bas, la bâtisse abrite habitation et dépendances. En 1889, à l’occasion de l’ouverture du chemin vicinal passant à proximité de la ferme, des vestiges de constructions antiques ainsi que des monnaies romaines furent découverts. Notons pour terminer la relation entre les toponymes de « Louvarel » et de « Gratte-Loup » (ou « Grateloup ») rappelant tous deux la forte présence autrefois des loups en Bourgogne et en Comté.
La ferme de Gratte-Loup.
La motte de Semon
Autre lieu historique peu connu de Champagnat : la motte de Semon. Située entre Dommartin et Cuiseaux, ce hameau est à l’extrémité ouest de la commune et s’étend également sur les terres du chef-lieu de canton. Mentionné dès 1388 en « Semon », le toponyme évoluera en « Symont » (1419), « Semond » (1473), « Semont » (1578) puis reviendra à « Semon » en 1856 . Son origine est comme d’habitude conflictuelle : du germain « Sigmund » ou du latin « sub montem » (littéralement « sous la montagne ») ?... Le long de la route départementale se devine encore une motte féodale en un lieu connu sous le nom de « Sous le château ». Recouverte d’un taillis, la motte laisse apparaitre un double fossé sur plus de la moitié de sa circonférence ; l’autre moitié a sans doute été arasée au cours des siècles passés. Référencée par les spécialistes, elle n’a jamais été fouillée. A quelques centaines de mètres, se dressait une chapelle mentionnée dans un terrier rédigé en 1744 conservé aux Archives Départementales du Rhône. En 1749, on retrouve l’estimation des réparations à effectuer sur cette chapelle décrite en ces termes : « (…) de longueur de 25 pieds et de largeur de 17 pieds et de hauteur de 21 pieds et que l’on a reprit (sic) les murailles depuis le fondement jusqu’au couvert qui ont été faites de pierres et de briques, et que le couvert tuiles à crochet a été fait neuf. ». Un hôpital y est également cité puisque ces terres appartenaient à l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem qui les avait reçues de Guy de Tremelay en 1226. Les archives font mention de Semon comme étant un domaine très étendu comprenant prés, vignes, terres, moulin, etc. En 1650, c’est Pierre de Montjouvent, commandeur de Laumusse, qui est à la tête de cet important domaine dont il ne reste que bien peu de traces dans les mémoires aujourd’hui.
Le double fossé entourant la motte.
Champagnat côté loisirs
Lorsque vous êtes à Semon, remarquez l’ancienne école du hameau. Cette dernière a été construite conjointement, en 1910, par les municipalités de Champagnat et Cuiseaux afin d'accueillir les enfants de la partie "bressane" de Champagnat. Elle ferma ses portes en 1967. A deux pas de là se situe le cœur de l'activité de loisirs, pour ne pas dire de plaisance, de Champagnat : Louvarel. Camping, plan d'eau, animations et activités diverses ont donné à ce lieu une réputation dépassant aujourd'hui les limites du canton pour la qualité de l'aménagement qui y a été fait. La base de loisirs a été créée en 1999 par la Communauté de Communes du Canton de Cuiseaux sur une superficie de 55 hectares. Des panneaux de médiation ponctuent les abords du site pour expliquer le pourquoi de ce projet et son histoire mais aussi donner quelques éléments de lecture du paysage comme c’est le cas dans la partie « bocage bressan ». A noter que plus de 180 kilomètres de chemins balisés de randonnée parcourent le canton, aboutissant tous au plan d’eau. Mais Louvarel, c’est aussi un hameau possédant de petits joyaux d’architecture bressane traduisant bien, dans ce secteur frontalier, la juxtaposition des deux types d’habitat présents en Bresse. Le hameau de Louvarel doit son nom au ruisseau "Louvaret" le traversant, d'où la présence de nombreux toponymes contenant le nom de "moulin" dans ce secteur : "Moulin Rouge", "Moulin de l'Orme, "Moulin Zier", "Bois des moulins"... Alors, si vous avez l’occasion de venir vous détendre à Louvarel, n’hésitez pas à quitter quelque peu les chemins de la base de loisirs pour découvrir le cœur du hameau surplombant le plan d’eau.
Le plan d’eau de Louvarel, au cœur de la base de loisirs.
Entre archéologie, traditions populaires et légendes
Les environs du Mont Février ont de tout temps intéressé les érudits locaux. Différentes annales et études parues au 19ème siècle rapportent que ces lieux, occupés semble-t-il depuis fort longtemps, garderaient la mémoire de faits ancestraux. Les fameux amas de pierres évoqués ensemble il y a deux semaines ont été compris par certains comme étant des mémoriaux constatant l’acquittement de vœux et de sacrifices envers des divinités. D’autres y ont vu des lieux de sépultures de guerriers celtes ou gallo-romains ayant péri lors d’une grande bataille s’étant déroulée au Mont Février. Parmi les défunts, un certain « Brenn », « Brenus » ou « Brunus » ayant donné son nom à la Motte Brenoz toute proche. D’autres, enfin, ont rattaché ce toponyme à la reine de France Brunehault, à qui l’on attribue la réparation des grandes routes de ses Etats. Près du Mont Février, du côté de La Grange des Noms, passait autrefois une ancienne voie de communication connue encore aujourd’hui sous le nom de « chemin des Saulniers ». C’est par ce dernier qu’était véhiculé le sel mais aussi quelques produits de contrebande comme la « gnole » et les allumettes, et ce, dans un passé pas si lointain… Au cours des siècles précédents, monnaies et autres mobiliers archéologiques ont été trouvés le long de cet axe, faisant ainsi perdurer la tradition orale et les légendes liées au Mont Février...
Sur l’un des versants du Mont Février : un petit chemin bordé de murets en pierres sèches.