Traditions bressanes

Les femmes quant à elles, lorsqu’elles travaillaient, portaient robes et jupes longues et amples noires ou grises, un caraco ou chemise de même couleur, un tablier très enveloppant dont la bavette était retenue par des épingles et un petit fichu sur les épaules. A cette époque, on ne sortait jamais tête nue : les femmes arboraient une petite coiffe blanche (plus tard remplacée par un simple fichu carré noué sous le menton) et les hommes un bonnet de couleurs différentes selon l’âge. Celui des vieux était blanc, noir pour les hommes "faits" et rayé bleu et marron pour les jeunes : cette distinction, également visible chez les femmes (nous y reviendrons par la suite) se retrouve encore aujourd’hui dans la tradition des conscrits puisque chaque classe arbore une couleur de chapeau différente selon l’âge représenté. Concernant les enfants, ils passaient les premiers mois de leur vie emmaillotés dans des linges extrêmement serrés ce qui laisse supposer de nombreux problèmes d’hygiène mais aussi de malformations au  niveau des jambes. Une fois "démaillotés", jusqu’à deux enfants, filles et garçons portaient indistinctement des robes, beaucoup plus pratiques pour effectuer simplement les besoins naturels. Par la suite, les filles gardaient leurs robes de couleurs agrémentées de vestes et caracos alors que les garçons enfilaient une culotte courte, une chemise à manches longues, un tricot et une veste. Il va sans dire que les vêtements des enfants, en plus d’être rapiécés, se transmettaient d’aînés à cadets. Pour  ce que nous qualifierons de petites sorties qu’étaient par exemple les jours de marché, les hommes portaient un complet de velours à grosses côtes et jusqu’à la guerre de 14, la fameuse roulière. Les femmes étaient vêtues de même que pour travailler mais avec des mises plus élégantes, ou tout du moins, moins usées : la différence notable dans l’habillement entre jours de travail et jours de sorties consistait avant tout en le port de la coiffe et celui des sabots.    

Ainsi était vêtue la Bressane lorsqu’elle se rendait au marché et ainsi a-t-elle été immortalisée par les cartes postales folkloriste du début du siècle. 

Alors que la vie des Bressans était basée sur l’économie familiale et une autoconsommation de la production agricole de la maisonnée, l’habillement était une source de dépenses non négligeables pour les familles. Bien que l’on puisse toujours rapiécer les vieux fonds de pantalons que l’on mettait au quotidien, les vêtements de fête ou passés pour les grandes occasions se devaient d’être élégants.

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Au quotidien, pour travailler, aller en champs ou effectuer les travaux ménagers, hommes et femmes étaient vêtus simplement. Les hommes portaient un pantalon de grosse toile appelée « bourra », une chemise de chanvre, un gilet, un tricot ou un veston selon les saisons ainsi que la « roulière », blouse de coton bleu. Jusque dans les années 1920, le chanvre était très cultivé par les Bressans : cette plante, aujourd’hui notamment utilisée comme isolant dans le bâtiment, servait notamment à la confection de cordes mais aussi de toile et donc de vêtements. Plante très cultivée autrefois en Bresse, le chanvre était arraché fin août afin d’être mis à "rouir", c’est-à-dire mis dans un lieu humide, juste assez pour que les fibres se détachent légèrement : il fallait cependant faire attention à ne pas le laisser pourrir. Après séchage, on le "teillait", on séparait les tiges de leur écorce : ce travail autrefois manuel était fait à la main par les hommes notamment pendant les veillées. Ensuite, on écrasait la fibre pour l’adoucir et pouvoir la peigner : ce travail était réalisé par des spécialistes, des hommes venus d’autres contrées comme le Bugey et passant de hameaux en hameaux au mois d’octobre. Munis de gros peignes, ils étaient logés et nourris par les habitants. Après leur départ, les Bressanes n’avaient plus qu’à filer la filasse de chanvre plus ou moins grossièrement selon qu’elle serve à faire des sacs à farine et à grains ou les pantalons des hommes ou des draps. 

Filer le chanvre était le travail des femmes : dans de nombreuses fêtes à l’ancienne comme ici à Ste-Croix dans les années 80, la fileuse reste une figure incontournable.

Comme nous l’avons vu il y a de cela une semaine, mais néanmoins l’année dernière (bonne année 2008 à tous !), l’utilisation de larges avant-toits permettait de pallier à la fois à la fragilité des matériaux de remplissage des pans de bois comme à optimiser la surface de séchage du maïs. La forme générale, le positionnement que revêtait la maison bressane répondaient à des besoins liés aux travaux agricoles et domestiques.
Tout d’abord, l’orientation se fait dans le sens nord-sud afin de ne présenter au vent et à la bise que des croupes ; généralement, la façade principale n’était pas comme maintenant celle tournée vers la route ou la rue mais celle tournée vers l’est afin de pouvoir bénéficier au plus tôt de la journée des premiers rayons du soleil.
Ensuite, deux types d’implantation au sol coexistent. La première consiste à regrouper sous un même corps bâtiment d’habitation et bâtiment d’hébergeage : la ferme est alors assez longue (plus ou moins selon la taille de l’exploitation) et voit la grange occuper une place centrale entre les étables et l’habitation, palliant ainsi aux désagréments que le bétail pouvait apporter bien qu’autrefois, sa chaleur étant recherchée, on dormait près du mur séparant étable et habitation. Le deuxième schéma est celui d’une cour fermée, formée par un bâtiment d’habitation, un bâtiment d’hébergeage et par un bâtiment de four abritant bien souvent la soue des cochons.
Quelle que soit la disposition adoptée, toute une série de bâtiments annexes gravitaient autour du ou des bâtiments principaux ou bien joints à eux sous des appentis avec tout d’abord le four. Même s’il abritait la soue comme on vient de le voir, il était toujours isolé afin d’éviter les risques d’incendie sur l’ensemble de l’habitation. Bâtiment important puisqu’il permettait la réalisation des fournées de pain domestique qui avaient lieu en général tous les dix jours. Ensuite le poulailler, qui était la partie réservée de la femme puisque c’est elle qui s’occupait du travail lié à la volaille, de la naissance à la vente de l’animal sur le marché aux volaillers. Un hangar pour stocker le bois de chauffage était bien souvent là tout comme le puits, élément incontournable  de la vie autrefois lorsque l’eau n’arrivait pas simplement dans la cuisine en tournant un robinet. Temps révolu mais finalement pas si lointain…