Traditions bressanes

Sur la placette servant de parking au cimetière se dresse le seul bien classé Monument Historique (en 1927) de Frontenaud : une croix du 16ème siècle. La "croix de cimetière" comme on l'appelle familièrement est composée d'un emmarchement à deux degrés sur lequel repose un haut piédestal mouluré de type flamboyant, prolongé par un fût hexagonal que couronnent un chapiteau de feuillages puis la croix proprement dite. Cette dernière à la particularité de représenter deux scènes : côté ouest, un Christ en croix, et côté est une Vierge à l'enfant, le tout environné de coquilles Saint Jacques. Faut-il y voir une quelconque relation avec le fameux pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle? Certains le pensent. A côté de l'église se trouve l'ancienne cure bâtie aux 18ème et 19ème siècles, transformée aujourd'hui en résidence privée. Différents prêtres s'y sont succédés notamment Deliance dans les années 1820, que nous auront l'occasion d'évoquer par la suite. Devenu bien national à la Révolution, ce bâtiment fut récupéré par la commune en 1809 afin d'y loger le desservant de la paroisse. Différents travaux et aménagements eurent lieu au fil des décennies. En 1906, le presbytère est constitué d'un "bâtiment construit en briques, près l'église, comprenant un rez-de-chaussée sans étage, divisé en cinq chambres, cave et grenier, écurie au milieu d'une cour et d'un jardin, le tout d'une contenance d'environ 12 ares  ". En 1920, le bien s'étend sur 32 ares et est composé ainsi : "un bâtiment principal à usage d'habitation et servant de presbytère, un autre petit bâtiment à l'Ouest du précédent et servant de four, situés au bourg de Frontenaud, emplacement, sol, cour, jardin, verger, aisances, dépendance (...)  ".

La croix du 16ème siècle classée depuis 1927 ; détail du côté est.

Ce qui frappe lorsque l'on arrive dans le commune, c'est le caractère accueillant : massifs fleuris, anciennes échoppes réhabilitées avec goût, patrimoine entretenu... Pas étonnant si la commune arbore fièrement ses deux fleurs de "Village fleuri". La mention la plus ancienne du lieu remonte à 1131 à travers "Frontonacum". Par la suite, comme ailleurs, les dénominations évoluent. Citons entre autres : Frontoniacum (1158), Frontenay (1270), Frontenayum (1309), Frontenal (14ème siècle), Frontenau près de Saincte Croix (1473), Frontenay les Cuisel (1476), Frontenaut (1666), Frontenault (1723), Frontenoz (1730), Fronteneaux (1763) et enfin Frontenaud (1844).  Concernant l'origine du toponyme, les avis divergent : du latin populaire signifiant "fontaine" ou du gentilis latin "Fronto"? Nulle ambigüité à travers ces lignes : le but n'est pas de donner des leçons d'histoire mais de faire (re)découvrir le patrimoine, parfois évident d'autrefois moins, constituant le caractère typique d'une bourgade, à savoir Frontenaud cette fois-ci. Il s'agit avant tout de s'attarder sur ce qui participe au patrimoine d'une commune et l'idée que s'en font ses habitants. A l'image de Champagnat les mois derniers, Frontenaud ne dérogera pas à la règle d'autant que c'est en ce lieu que l'auteure de ces modestes chroniques a succombé enfant à la "bressanite" qui l'affecte aujourd'hui grâce à deux personnes reposant désormais à l'ombre du vieux tilleul du cimetière de Frontenaud.

Frontenaud, village fleuri, au charme évident.

Commençons notre balade par le bourg et le bâtiment qui rythma la vie des paroissiens : l'église. En briques, l'église de Frontenaud est placée sous le patronage de Saint Etienne : une statue le figurant est d'ailleurs visible dans l'une des niches intérieures de l'édifice. Par tradition, on aime faire remonter sa date de construction à l'époque romane, mais visiblement les parties les plus anciennes ne semblent pas être antérieures à la fin de l'époque gothique. Y aurait-il eu amalgame entre un précédent édifice et l'église actuelle qui l'aurait remplacée? Si les travées du chœur et celle sous le clocher sont de l'époque flamboyante, les chapelles latérales ont été bâties dans la première moitié du 19ème siècle et la nef agrandie en 1858. Parmi le mobilier inventorié dans l'église, citons entre autre un bel exemple d'art populaire avec le Christ en croix, un magnifique retable du 16ème siècle et un reliquaire non visible conservant des restes de Saint Antoine et de Saint Sylvestre. En contrebas de l'église de développe le cimetière de Frontenaud. Ce dernier fut aménagé à sa place actuelle en 1922 (auparavant, il se situait plus près de l'église, au sud) et le mur de clôture fut édifié en 1929. Face au portail d'entrée se dressent l'une des nombreuses croix de la commune. Celle-ci est une croix de jubilé datant de 1826 portant les inscriptions "Jubilé de 1826. Foi. Espérance. Charité" sur sa base. Derrière, la couvre le vieux tilleul de Frontenaud devant lequel il était d'usage de prendre la traditionnelle photo de groupe lors des mariages.

L'église de Frontenaud vue depuis le bas du cimetière.